Téhéran accusée de vouloir acquérir la bombe atomique sous couvert d'activités civiles, a déjà fait savoir que l'Iran ne respecterait pas une éventuelle résolution sanctionnant l'Iran. Américains et Français, en pointe pour sanctionner le programme nucléaire iranien, ont réussi à associer la Chine dans le long périple vers une nouvelle résolution à l'ONU, mais il reste à convaincre plusieurs autres pays pour avoir la majorité requise au Conseil de sécurité. Le contenu du texte est presque devenu secondaire. Face aux réticences russes et surtout chinoises pour toute mesure coercitive, «on sait que les sanctions seront ridicules mais ce qu'on veut, c'est une sixième résolution», souligne un responsable français ayant requis l'anonymat. L'Iran, accusé de vouloir acquérir la bombe atomique sous couvert d'activités civiles, a déjà fait savoir qu'il ne la respecterait pas. «Vous pouvez vous agiter dans tous les sens, publier des déclarations, adopter des résolutions (...) et plus la nation iranienne sera déterminée à aller de l'avant», a récemment déclaré le président iranien Mahmoud Ahmadinejad. Il a dévoilé vendredi la maquette d'une nouvelle centrifugeuse plus performante que celle dont l'Iran dispose actuellement et redit sa détermination à poursuivre son programme nucléaire. Pour l'adoption d'une nouvelle résolution, il faut bien sûr que Pékin n'utilise pas son veto au Conseil de sécurité, au mieux vote le texte, au pire s'abstienne. Le revirement de la Chine, qui a accepté pour la première fois cette semaine de discuter de sanctions avec les Etats-Unis, la Russie, la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne, semble écarter cette éventualité d'un veto. Mais pour qu'une résolution soit adoptée, il faut neuf voix «pour» au Conseil de sécurité sur les 15 qu'il comprend. Et le compte n'y est pas. «C'est le problème principal, il faut ces neuf voix et, pour bien faire, il vaudrait même mieux en avoir plus» pour renforcer l'impact politique d'une condamnation, résume François Heisbourg, expert de la Fondation pour la recherche stratégique, organisme de recherche basé à Paris. Depuis 2006, cinq résolutions ont déjà été adoptées contre l'Iran, dont trois assorties de sanctions. Plusieurs membres non permanents en 2010 du Conseil de sécurité ont clairement fait savoir leur opposition à un nouveau texte. Ne pouvant plus s'abriter derrière la position chinoise, ils vont être soumis à d'intenses pressions occidentales, notamment demain et mardi en marge d'un sommet sur la sécurité nucléaire organisé à Washington. «Il y aura des réunions, des entretiens bilatéraux» et l'Iran sera «un sujet de discussion important», a dit jeudi le département d'Etat américain. Parmi les pays cherchant à éviter un nouveau train de sanctions, figurent le Brésil et la Turquie. «La pression devient lourde pour les Brésiliens», note un spécialiste du dossier ayant requis l'anonymat. «Pour l'instant, leur opposition relève du déclaratoire, s'ils votent non, ils pourraient s'attirer des conséquences lourdes des Américains». Les quatre membres permanents du Conseil de sécurité acceptant de nouvelles sanctions devraient pouvoir compter sur le soutien du Gabon, du Japon et de l'Autriche. Les autres pays siégeant au Conseil sont le Liban, le Mexique, le Nigeria, l'Ouganda et la Bosnie. Au-delà d'une nouvelle résolution, qui pourrait comporter des mesures financières et des interdictions de voyage pour des responsables iraniens, plusieurs pays ont déjà commencé à restreindre sérieusement, voire annuler, leurs livraisons de produits à l'Iran, relève François Heisbourg.