La synchronisation des deux massacres renseigne toutefois sur l'appartenance à la même organisation. Dans la nuit de jeudi, vers 20h30, alors que les fidèles revenaient, après la prière d'El Icha, de la mosquée du village de Oued Guerioune, dans la commune de Ouled Abdallah, à 4 km de Boukadir, un groupe terroriste a fait irruption dans la demeure de la famille Ghollamallah pour y semer la mort. Le père, Abdallah, qui était au moment de l'incursion terroriste dans le verger de la coopérative agricole Mohamed-Benkhalifa où il est employé comme gardien, dira qu'un groupe a attaqué sa maison où se trouvaient sa femme, Kouadri Zineb (43 ans), son fils Mohamed (22), ses trois filles Nora ( 9, élève de 6e année du cycle fondamental), Fatima (12, élève de 9e année du cycle fondamental), Yamina (17, sans profession) et une jeune invitée Saber Nawel (7 ans). Les assaillants, dont le nombre n'a pas été déterminé, ont ligoté sa , on fils Mohamed et la jeune Nawel avant de les égorger. Nullement satisfaits, ils s'armeront de barres de fer pour fracasser les crânes de leurs victimes. Avant de sortir, ils intimeront l'ordre de les suivre à Yamina et ses soeurs Fatima et Nora. L'aînée, Yamina, parviendra à s'enfuir. Malgré les rafales tirées par les terroristes, elle se réfugiera dans la maison voisine occupée par la famille Meddah. Dans son témoignage, Yamina révélera que les terroristes portaient des tenues militaires, un accoutrement qui leur avait permis de déjouer la vigilance des villageois qui croyaient qu'ils avaient affaire à une patrouille venue en inspection. Elle quittera cette famille pour fuir plus loin le cauchemar qu'elle venait de vivre. Ses jambes la guideront vers une autre maison du village. Sur les lieux, elle trouvera les membres de la famille Abed Rabi pleurant leur père Benameur (56 ans), égorgé par les terroristes alors qu'il prenait l'air devant l'entrée de sa masure faite de tôle, de zinc et de chaume. Dans leur fuite, les terroristes emmèneront les deux petites filles Nora et Fatima avant de s'évanouir dans les massifs boisés qui bordent le cours d'eau de Oued El Ghanansa. De la famille Ghollamallah, il ne reste que Nacer actuellement sous les drapeaux, le père et Yamina qui ne sait pas si ses deux soeurs seront épargnées par leurs ravisseurs ou si elles subiront le même sort que les autres membres de sa famille. Les terroristes, qui se sont attaqués à la famille Ghollamallah, ont profité de l'obscurité, du manque de vigilance des citoyens et d'un certain laisser-aller des autorités locales qui ne font rien pour garantir la sécurité des biens et des personnes surtout en cette période cruciale qui marque un tournant décisif dans la lutte antiterroriste. Après l'alerte, les services de sécurité ont déclenché un vaste ratissage pour mettre la main sur le groupe auteur du massacre. Durant ces 3 derniers mois, les hordes terroristes ont tué 94 personnes dans différents douars de l'axe Chlef-Aïn Defla. La même nuit, une autre incursion terroriste a ciblé le hameau de Sidi Brahim, situé à quelques kilomètres de Miliana, dans la wilaya de Aïn Defla. Le groupe terroriste, dont le nombre reste inconnu, s'est attaqué à une famille habitant à la lisière d'un pâté de maisons, tuant trois personnes dont une femme. Ces deux massacres semblent être le fait de deux groupes séparés puisque Boukadir se trouve à 60 kilomètres de Sidi Brahim. La synchronisation des deux massacres, renseigne toutefois sur l'appartenance à la même organisation, le GIA, hégémonique dans les deux wilayas. L'organisation de Oukali Rachid, l'émir Abou des groupes armés, semble déterminée à revenir en force, après la période d'effacement calculé qui a suivi le démantèlement spectaculaire du groupe d'Alger. En moins d'une semaine, quatre massa cres ont été perpétrés. A Tablat, d'abord (deux personnes assassinées), à Médéa, ensuite (deux personnes) puis, dans la nuit de jeudi à vendredi, sept personnes à Chlef et Miliana. Ces derniers massacres portent le chiffre des personnes tuées depuis le début de l'année à plus de 1000, dont plusieurs assassinats collectifs spectaculaires et particulièrement sauvages, dont celui de Ksar Chellala (30 personnes égorgées), Sendjas (23 et une femme enlevée) et, enfin, le 15 août dernier, Boukaât Lakakcha, près de Horchoune, dans la périphérie sud de Chlef (26). A l'approche des élections locales, il y a lieu de s'attendre à la traditionnelle surenchère terroriste des groupes armés, et qui se traduit par une flambée de violence et une accentuation des actes de violence.