Le douar H'mayess a vécu une nuit d'enfer jeudi vers 23 h. Les terroristes, probablement sous le commandement du sinistre Ould El-Leben, ont investi ce petit conglomérat de masures pour y semer la mort. Les sanguinaires, agissant en toute quiétude, ont massacré 21 membres d'une même famille, la famille Oukil qui croyait que son retour à son petit lopin de terre signifiait pour elle la fin de sa longue et éreintante transhumance qui l'avait conduite à choisir des lieux plus sûrs quand le GIA dictait sa loi dans la région. Douar H'mayess, un lieu oublié de la commune de Sidi Abdallah à 7 km de la ville de Boukadir, avait été déserté par ses habitants, en majorité des agriculteurs, qui vivaient du maigre produit de leur terre, il y a quelques années. Ces derniers, soumis au diktat des hordes du GIA qui avaient prononcé leur fetwa, apostasiant tout le peuple, avaient décidé de fuir. Il y a deux ans, rassurés par les développements qu'a connus la situation sécuritaire et par les assurances des autorités locales, ils avaient décidé d'y revenir. Malheureusement, rien n'avait changé dans le douar qui restait la nuit plongé dans le noir et recevait fréquemment la visite des terroristes qui se gardaient d'affronter les gardes communaux en empruntant l'oued qui longe les lieux. H'mayess restait livré à lui-même et ses habitants à la menace d'une attaque terroriste. Jeudi vers 23 h, un groupe terroriste, composé d'environ 14 individus en tenue militaire et armés de kalachnikovs, a investi le douar. Il a réussi grâce à l'obscurité et à son «accoutrement» à se faufiler jusqu'à la demeure de la famille Oukil. Dans la progression vers la masure, les terroristes rencontrent un citoyen armé qui a déjoué leur stratagème. Ils lui ont déclaré qu'ils sont une patrouille de l'ANP venue explorer la région. Flairant une attaque, il tirera en direction du groupe. Malheureusement, ses tirs n'alertèrent pas les éléments de la garde communale cantonnés dans leur campement de Ouled Abdallah. Le groupe pénétra dans la demeure de Oukil Abed Benadda et entama sa sale besogne en tirant sur les membres de la famille réunis dans la seule pièce de la maison. Khaoula Hacina, tout juste âgée de 2 mois, un beau bébé, fut criblée de balles avant d'être achevée, à l'arme blanche. Son cousin Hocine, lui, âgé de 14 ans, était plongé dans la prière d'El-Icha. Ses bourreaux ne reculeront pas devant le spectacle de l'adolescent agenouillé sur sa natte faite de doum tressé. Ils l'exécuteront de balles dans la tête. Poursuivant leur sale besogne, ils aligneront les autres membres de la famille comme de vulgaires cibles foraines qu'ils se chargeront d'exécuter de sang-froid. A leur départ, ils ne laisseront que 3 survivants grièvement blessés qui seront transférés dans la soirée à l'hôpital d'Oran. Ould El-Leben a quitté sa horde des monts de l'Ouarsenis pour semer la mort dans des lieux qu'il avait visités pourtant il y a moins d'un mois quand il avait massacré 4 membres de la famille Ghollamallah. Il a quitté Remka et a parcouru de longs kilomètres à la recherche de sang comme une hyène appâtée par l'odeur de la mort. Malheureusement pour ses victimes, les gardes communaux et les GLD étaient occupés à discuter les exploits de l'équipe de Chlef et à parler des préparatifs du ramadan. Au total, ce furent 21 membres d'une même famille, dont 11 enfants, qui périrent peut-être, par la faute de certains lâches. Liste des victimes: Oukil Abed Benadda (55 ans), Bouabdallah (48), Adda (18), Ahmed (33), Ghollamalah (9), Hakima (11), Soumia (5), Wahiba (2), Brahim (17), la mère Mekiouss Fatma (59), Kheïra (54), Mohamed (29), Khaoula Hacina (2 mois), Hakima (31), Kheïra Annani (42), Oukil Youcef (15), Fatima (16), Hakima (12), Fatma (12), Hocine (14) et Lahcène (11). Les blessés: Oukil Ahmed (54), Abdelkader (23) et Fatma (15).