Bien que le Ramadhan soit encore loin, les marchés des fruits et légumes de Bouira connaissent une instabilité des prix inouïe. La tendance est toujours à la hausse au grand dam du consommateur, dindon de la farce. Qu'ils soient de saison, d'arrière-saison, les produits sont intouchables. Pourtant Bouira est une région productrice de pomme de terre. Même si la production a enregistré un record l'hiver passé, le tubercule est cédé en moyenne entre 35 et 40 DA. L'haricot vert oscille entre 230 et 250 DA le kilogramme. Ces deux exemples résument la situation qui prévaut sur les étals de la wilaya. Il y a quelques années, les Bouiris se rendaient aux marchés de Lakhdaria et Aïn Bessem pour essayer d'économiser quelques sous. Les intermédiaires et spéculateurs ont désormais, une emprise sur les quatre coins de la wilaya puisque les prix sont partout les mêmes. Aussi, beaucoup de ménages se rabattent sur ces camionnettes qui, en fin de journée, écoulent leurs restes dans les quartiers. Si les prix auprès de ces commerçants ambulants sont moindres, la qualité des produits laisse à désirer. La suppression du marché hebdomadaire et son remplacement par des marchés de proximité mais qui tardent à voir le jour, a été saisie par les opportunistes qui alimentent le secteur. L'austérité n'est plus une volonté du consommateur mais une obligation imposée par les prix. Du côté des fruits, la facture est plus salée. L'orange en provenance de Kadiria, région réputée pour ses agrumes, est cédée à 180 DA le kilogramme. Quand un citoyen a les moyens de se payer ce dessert, il exige souvent du vendeur des oranges de moindre calibre pour avoir le maximum d'unité. Même si les responsables avancent l'argument de la liberté des prix, il est peut-être opportun de réfléchir sur le rôle des chambres froides acquises avec l'argent du contribuable. Il est du devoir aussi de ces responsables de vérifier le cheminement des productions, les circuits depuis le producteur jusqu'au consommateur. Un producteur de pomme de terre nous affirmera que son produit est cédé â moins de 20 DA quand lui-même achète sa pomme de terre à 40 DA. Toutes les filières, les consommateurs, les responsables accusent ouvertement les intermédiaires mais personne ne fait quelque chose pour les contrecarrer. La protection des consommateurs est une action à la charge des pouvoirs publics.