C'est un fléau cyclique. Il est entré dans les mœurs tant et si bien qu'il a fortement influé sur le changement de comportement du consommateur algérien. A chaque avènement de Ramadhan, le pic des prix atteint des sommets qui donnent le vertige à plus d'un. Tout aussi cycliques sont les déclarations des responsables qui promettent tout : un comité ad hoc de veille et de surveillance des tendances du marché, un Système de régulation des produits agricoles à large consommation, une intensification des opérations de contrôle des prix et de la qualité, le contrôle des chambres froides pour prévenir la rétention des produits et, surtout, de sévir sévèrement contre tout contrevenant. Mais au final rien de tout cela n'arrive ou, si d'aventure il se concrétise, n'a aucun impact et n'influe guère sur la tendance haussière des prix des fruits, légumes, viandes et autres produits à large consommation. Et les grossistes, intermédiaires, spéculateurs et commerçants continuent à saigner impunément le consommateur, comme jamais autant. Entendre des promesses qu'on sait sans lendemain pour les avoir maintes fois entendues et jamais vu se matérialiser et se voir dans le rôle du dindon de la farce n'est plus tant révoltant que de s'entendre à longueur d'année accuser par tous d'être le responsable de son propre malheur. A chaque fois qu'une pénurie se déclare, le consommateur est cloué au pilori, aussi bien par les responsables de la pénurie que par ceux qui sont censés le protéger des premiers. Pour justifier la hausse des prix et la faiblesse de l'offre, la pénurie, on lui reproche de trop acheter ! C'est à cette gymnastique que vient de se livrer l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) qui a expliqué la faiblesse de l'offre, et donc l'augmentation des prix, des légumes et des fruits sur le marché par la forte demande des consommateurs. Quel pays peut se plaindre d'une hausse de la consommation ? Mieux, ou pire, c'est selon, on ose invoquer le manque de produits lors de l'entre-saison alors que la production hors-saison et l'entreposage en chambres froides sont depuis longtemps devenus une routine dans le domaine de l'agriculture. Et comme pour donner plus de piquant à ce supplice de Tantale, l'UGCAA a réaffirmé l'engagement des grossistes et des détaillants des fruits et légumes à œuvrer à l'approvisionnement régulier du marché, en précisant que la marge bénéficiaire des commerçants des fruits et légumes n'est que de 25% pour les légumes et de 30% pour les fruits. Qui pourrait le croire ? Certainement pas le citoyen qui a déjà subi son baptême du feu dans le marché. Il y a belle lurette qu'il ne se berce plus d'illusions et il a depuis longtemps pris ses dispositions en adoptant le congélateur comme réserve de survie. Quant aux reproches qui lui sont faits sur son comportement, il n'en a cure. Il le changera quand il verra qu'il peut trouver tout ce qu'il veut, quand il le veut, à la quantité qu'il désire et au prix normal, quand on tordra le coup à la pénurie et à la spéculation. H. G.