Promue langue nationale en 2002, tamazight n'est toujours pas officielle. La question relative à l'officialisation de tamazight est toujours de mise. Cette revendication relève d'une réalité sociale absolue et sans conteste. Ainsi, à l'approche de la célébration du double anniversaire du 20 avril 1980 et du Printemps noir toute la région de Kabylie se soulève pour revendiquer, une fois de plus, l'officialisation de la langue amazighe. Cette revendication se traduit par l'organisation de marches populaires à travers toute les wilayas de Kabylie, entre autres, Bouira, Tizi Ouzou et Béjaïa. Pour ce faire, toute la région se mobilise. En fait, 30 ans après le 20 avril 1980, où on est-on, avec la constitutionnalisation de tamazight? Y a-t-il des avancées à propos de l'épanouissement de cette langue, désormais otage «des pratiques politiciennes». «La question amazighe est dans un véritable marasme, comme en témoigne la scène de son enseignement», souligne, hier, le constitutionaliste, Ali Brahimi, joint par téléphone. Tout en affirmant que «depuis le 20 avril 1980, des avancées remarquables ont été, certes, recensées pour une langue qui a subi des dénis depuis plusieurs siècles,», M.Brahimi a toutefois, regretté que ces acquis réalisés dans l'Algérie indépendante ont toujours été arrachés par le sacrifice. Abordant le côté constitutionnel, M.Brahimi a affirmé que «promue en tant que langue nationale par l'article 3 de la Constitution, la langue amazighe attend toujours son officialisation.» C'est dire l'impératif d'ouvrir un débat serein à propos de l'implication socio-institutionnel de l'article 3 bis de la Constitution. Dans ce contexte, M.Brahimi a précisé que, «la revendication culturelle et linguistique amazighe a besoin de voir se matérialiser réellement l'engagement de l'Etat par l'article 3 bis». Par ailleurs, promue en 2002, au statut de langue nationale, tamazight n'est toujours pas langue officielle, en raison semble-t-il des considérations politiciennes et conjoncturelles. Car sa promotion au statut d'une langue nationale est intervenue, faut-il, le rappeler après le soulèvement de la Kabylie en 2001 et ayant coûté la vie à 126 jeunes. Et depuis, la région de Kabylie ne cesse de faire l'objet de manipulations et enjeux politico-administratifs. Aussi, M.Brahimi a préconisé l'instauration d'un «Etat unitaire régionalisé.», seule solution à même d'arriver à l'officialisation de tamazight et un développement réel de l'Algérie. Bastion des luttes démocratiques, la Kabylie subit toujours un embargo politico-médiatique.