Le président déchu se trouvait, semble-t-il, toujours vendredi au Kazakhstan où il est arrivé jeudi soir à Taraz (sud) après des négociations coordonnées par la Russie et les Etats-Unis. Les nouveaux dirigeants du Kirghizstan ont renforcé hier leur emprise sur le pouvoir après la démission du président déchu Kourmanbek Bakiev qui s'est réfugié au Kazakhstan voisin, d'où il a une nouvelle fois dénoncé un coup d'Etat «armé». Des représentants du gouvernement intérimaire ont par ailleurs confirmé l'arrestation de l'ex-ministre de la Défense, Baktybek Kaliev, dans le cadre d'une opération policière visant des dizaines d'autres proches collaborateurs du régime de M.Bakiev. Le président déchu se trouvait semble-t-il toujours vendredi au Kazakhstan où il, est arrivé jeudi soir à Taraz (sud) après des négociations coordonnées par la Russie et les Etats-Unis en vue d'apaiser les tensions dans ce pays d'Asie centrale où Moscou et Washington disposent chacun d'une base militaire. M.Bakiev a présenté sa démission réclamée avec insistance par le nouveau gouvernement intérimaire à la suite des manifestations qui ont fait 84 morts il y a un peu plus d'une semaine et provoqué la chute du président. «En ces jours tragiques pour la population kirghize, je démissionne en conformité à la Constitution kirghize, compte tenu de ma responsabilité pour l'avenir de la population kirghize», a-t-il indiqué dans sa lettre manuscrite de démission lue par la chef du gouvernement provisoire, Rosa Otounbaïeva. Il est apparu dans la soirée à la télévision kazakhe, Khabar, pour exprimer sa «gratitude» envers le président du Kazakhstan, Noursoultan Nazarbaïev, et dénoncer «une usurpation du pouvoir par les armes» au Kirghizstan, a rapporté l'agence Interfax A Bichkek, les autorités intérimaires ont ordonné l'arrestation des frères de l'ex-président, notamment Janich Bakiev, son chef de la garde présidentielle, accusé d'avoir ordonné les tirs qui ont tué des manifestants la semaine dernière. Des représentants du gouvernement provisoire ont en outre fait savoir qu'ils allaient demander au Kazakhstan d'extrader un des fils du président déchu, Mourat Bakiev, l'ancien Premier ministre Daniar Oussenov et l'ex-chef des services de sécurité Mourat Soutalinov, réfugiés dans ce pays. Renversé par des manifestants, M.Bakiev a aussi échoué à obtenir le soutien d'importants dirigeants, la Russie, les Etats-Unis, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (Osce), l'ONU et l'UE ayant tous négocié pour obtenir son départ, selon la présidence kazakhe de l'Osce. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a salué ce départ estimant qu'il s'agissait d'un «pas important vers le développement pacifique» du pays. De son côté, le président russe Dmitri Medvedev, en déplacement au Brésil, a mis en garde hier les nouveaux dirigeants contre les «erreurs» de leurs prédécesseurs, en référence au népotisme et au «dépeçage des entreprises» au Kirghizstan, ancienne république soviétique. «Les nouveaux dirigeants doivent encore se mettre d'accord entre eux, ce qui n'est pas toujours facile», a-t-il ajouté. Arrivé au pouvoir en mars 2005 lors d'une révolution, M.Bakiev a été rapidement lâché par ses alliés d'alors qui l'accusaient de perpétuer les mauvaises habitudes de népotisme de son prédécesseur dans un pays miné par la pauvreté. Le gouvernement intérimaire du Kirghizstan a, par ailleurs, confirmé hier le maintien de la base américaine de Manas, essentielle aux opérations militaires américaines en Afghanistan. L'accord passé avec le précédent régime sera prolongé d'un an et automatiquement par la suite si aucune partie ne s'y oppose.