Le président russe Dmitri Medvedev a mis en garde, jeudi dernier, contre une division du Kirghizstan, en proie à des violences, jugeant que cette ex-république soviétique pourrait se transformer en un Afghanistan bis. «Nous espérons qu'après les élections sera formé un pouvoir capable de faire face aux défis […] autrement le Kirghizstan risque une dégradation, voire une division», a déclaré M. Medvedev à Washington, au cours d'une conférence de presse avec son homologue américain Barack Obama à la Maison-Blanche. «Nous sommes tous inquiets que, dans ces conditions, les radicaux puissent arriver au pouvoir», a-t-il poursuivi. «Nous devrons alors régler les mêmes problèmes auxquels nous sommes confrontés dans d'autres régions, comme en Afghanistan», a-t-il dit. Les violences interethniques entre Kirghiz et Ouzbeks dans le sud du Kirghizstan ont fait jusqu'à 2 000 morts, selon la présidente kirghize par intérim Rosa Otounbaïeva. «Les autorités se sont montrées incapables d'empêcher ce qui s'est passé. En Russie et aux Etats-Unis, nous souhaitons que l'Etat kirghiz puisse régler ces problèmes», a-t-il poursuivi. La Russie, comme les Etats-Unis, dispose d'une base militaire au Kirghizstan. Le président Medvedev a toutefois déclaré que la Russie n'avait pas l'intention d'envoyer son contingent de paix au Kirghizstan pour stabiliser la situation. «La Russie n'a pas prévu et ne prévoit pas d'y envoyer son contingent de paix, bien que les consultations sur ce sujet aient été menées», a-t-il souligné. Dans un communiqué commun publié à la fin de la visite de M. Medvedev à la Maison-Blanche, les Etats-Unis et la Russie ont affirmé «leur intérêt commun à soutenir les habitants du Kirghizstan dans leurs tentatives de rétablir la démocratie et la stabilité» et insisté sur la nécessité de soutenir les Nations unies et d'autres intermédiaires pour parvenir à une normalisation. Le Kirghizstan organise demain un référendum constitutionnel jugé vital par le gouvernement intérimaire mais qui pourrait, selon des experts, entraîner de nouvelles violences dans ce pays instable. En dépit des récents affrontements interethniques meurtriers, les nouvelles autorités ont maintenu cette consultation pour tenter d'asseoir leur légitimité après s'être emparées du pouvoir début avril dernier à la suite d'un soulèvement populaire sanglant qui a chassé le président Kourmanbek Bakiev. R. I.