M.Zerhouni lance un message aux responsables français dans lequel il les «rassure» que l'Algérie, à travers toutes ses générations, ne fera pas de concession et que le développement du pays ne se fera pas au détriment du patriotisme. Alger n'arrive, semble-il, toujours pas à digérer «les attaques» du ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, ciblant la génération de la lutte de Libération. Après les réactions du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, c'était le tour, jeudi, de Noureddine Yazid Zerhouni, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, de revenir encore une fois à la charge. Dans une déclaration au Journal de Dimanche, le ministre français avait laissé entendre que les relations algéro-françaises ne connaîtront une amélioration qu'une fois la génération de l'indépendance quittera le pouvoir en Algérie. «La génération de l'indépendance algérienne est encore au pouvoir. Après elle, ce sera peut-être plus simple». A cette déclaration, M.Zerhouni a mis encore les points sur les «i». Le ministre algérien répond au ministre français: «Ça sera sans concession», quand, «il s'agit du patriotisme». «Nous avons entendu des gens dire que lorsque la génération de la lutte de Libération sera partie, les choses seront plus faciles. En tout cas, ça sera sans concession quant au patriotisme, à la volonté de se moderniser et de se développer», a-t-il affirmé, avant-hier, à Alger à l'occasion de la cérémonie de sortie de la 6e promotion d'inspectrices de police, baptisée du nom du défunt directeur général de la Sûreté nationale (Dgsn), Ali Tounsi. M.Zerhouni lance un message aux responsables français à travers lequel il les «rassure» que l'Algérie, à travers toutes ses générations, ne fera pas de concession et que le développement du pays ne se fera pas au détriment du patriotisme. La sortie médiatique du ministre «mitterrandiste» a provoqué un coup de colère chez les responsables algériens. D'ailleurs, Paris n'a pas tardé à réagir tentant de calmer le jeu. L'Elysée a dépêché son secrétaire général, Claude Guéant, à Alger. Ce dernier, lors de son entretien avec Ahmed Ouyahia, s'en est lavé les mains des déclarations du ministre des Affaires étrangères connu par ses prises de position personnelles et qui n'engagent, généralement, pas la position de Paris. Mieux encore, il avait endossé à M.Kouchner la responsabilité de ses déclarations. «Il revient au ministre des Affaires étrangères de s'expliquer sur ses déclarations», a déclaré M.Guéant au Premier ministre algérien. En réponse à M.Kouchner, M.Ouyahia a lancé, lors d'une de ses sorties médiatiques, que «les Algériens partagent tous la même position concernant le message de Novembre». «Je fais partie de la génération post-indépendance. Ma position concernant le message de Novembre et mon patriotisme sont ceux que partagent les générations que je dépasse de 20 à 30 ans», a-t-il répliqué. Axel Poniatowski, le président (UMP, majorité présidentielle) de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale française, a tenté, de son côté, de rectifier la dérive du ministre «gauchiste». La France ne doit faire «aucune ingérence» dans les affaires intérieures algériennes, avait estimé M.Poniatowski, après les propos du chef de la diplomatie française. «Il ne faut faire aucune ingérence dans le pouvoir politique algérien, ce n'est pas notre affaire, ce n'est pas à nous de décider, ce n'est pas à nous de choisir», a-t-il déclaré dans une de ses sorties médiatiques. Et d'ajouter: «Dès l'instant où nous ferons le moindre mouvement d'interférence dans la politique algérienne aujourd'hui, ce serait une profonde erreur», a-t-il ajouté. Cette question, ainsi, que d'autres sujets relatifs aux relations algéro-françaises avaient fait objet d'un débat ce week-end entre les chefs de la diplomatie des deux pays. Mourad Medelci et Bernard Kouchner ont eu des entretiens «privés» en Tunisie en marge de la 8e réunion ministérielle des dix pays de la Méditerranée occidentale du Forum «5+5».