Medjahed Hamid est un artiste qui a fait ses preuves. Ses compositions musicales sont des classiques immortels que ni le temps ni l'absence de médiatisation n'ont pu altérer. A Nouara, celle que Matoub Lounès qualifiait de diva, Medjahed Hamid a composé les plus belles mélodies. Un retour sur scène en compagnie de Nouara est l'occasion pour écouter parler cet homme peu prolixe mais sincère et allant droit au but. L'Expression: Votre spectacle à Paris en compagnie de Nouara est incontestablement un événement culturel capital, pourquoi avoir attendu tant d'années pour enfin programmer un tel récital à Paris? Medjahed Hamid: Merci, nous n'avons ni attendu ni programmé ces deux récitals à Paris. Il a simplement suffi qu'un organisateur, en l'occurrence, Omar Aït Mokhtar me contacte lors de nos deux derniers spectacles à Tizi Ouzou. Après plusieurs contacts et discussions nous lui avons répondu positivement. Le fait de se produire devant le public algérien d'outre-mer constitue-t-il une grande différence pour vous? Le lieu est certes, différent mais pas le public. Celui-ci, avant d'être en France, était en Algérie sauf pour ceux qui sont nés là-bas, évidemment, ils vont nous découvrir. A travers ces spectacles particuliers, quel est le message que vous voudriez transmettre à votre public de France? C'est avec un très grand plaisir que nous allons à sa rencontre, c'est aussi une bonne occasion de revoir nos amis qui vivent en France. Notre seul message est d'espérer répondre positivement à son attente en lui offrant deux spectacles de qualité. Nouara et vous constituez un duo mythique qui a duré de longues années, comment expliquez-vous cette longévité? Nouara et moi avons beaucoup de points communs, nous faisons de la chanson kabyle, un art pour l'art et non un moyen pour gagner notre pain étant donné que chacun a son métier ailleurs. Aussi, sa voix exceptionnelle lui permet de ressentir, de chanter avec coeur et amour les textes que j'habille avec les compositions musicales qui conviennent parfaitement à son style qui n'est d'ailleurs pas loin du mien... Grâce à vous, Nouara a accepté de revenir sur scène après une très longue absence. Pourquoi vous fait-elle tant confiance? Elle sait que je me donne à fond dans notre travail, que je suis très rigoureux, sérieux, sincère et surtout, je m'occupe de tout, à savoir le choix des interlocuteurs qui nous contactent, les négociations, la préparation, le programme des chansons, les répétitions avec les musiciens, etc. Votre spectacle exceptionnel coïncide avec le trentième anniversaire du Printemps berbère. Il va certainement revêtir une double symbolique pour vous, n'est-ce pas? Votre question est très significative, j'ai parfaitement saisi le sens. Effectivement, nos deux récitals coïncident avec la célébration du trentième Printemps berbère. Ce n'est pas nous qui choisissons les dates de nos divers concerts et vous le savez. Evidemment, la double symbolique revêt pour nous un caractère exceptionnel. Aussi, le printemps 80 ne doit en aucun cas nous faire oublier ce qu'il y a eu après le Printemps noir et le printemps des artistes à Paris, nous donnera l'occasion de les commémorer par nos chansons. Un Printemps berbère qui sera célébré en l'absence de Matoub Lounès mais dont Nouara et vous ainsi que tant d'autres artistes demeurez fidèles à sa mémoire. Son ombre planera sans doute lors de votre concert... Sans aucun doute, Nouara chantera ce qu'elle a déjà chanté avec lui, quant à moi je chanterai Anda Tellidh, celle qu'il devait chanter lui-même. Vous comptez produire un nouvel album en duo avec Nouara, pouvez-vous nous en parler? Abdelmadjid Bali pour les textes, moi-même pour les musiques et Nouara seule et non en duo pour l'interprétation. Nous y travaillons lentement et sérieusement. Ce n'est pas facile, mais on y arrivera sûrement. Pour l'instant, c'est tout ce que je peux vous dire. Votre retour sur scène en Algérie, ce sera pour bientôt? Ce sera avec un très grand plaisir que nous répondrons à toute proposition qui nous permettra de revoir notre charmant public que nous respectons parce qu'on a grandi ensemble et il nous ressemble.