Le ministre de l'Energie et des mines, M. Chakib Khelil se trouve depuis hier à Moscou pour prendre part aujourd'hui à la réunion du Forum des pays exportateurs de gaz (Fpeg). Cette rencontre qui regroupe les ministres de l'Energie d'une quinzaine de pays parmi lesquels la Russie, l'Algérie, l'Iran, le Venezuela et le Qatar, cultive les craintes des pays consommateurs de gaz qui redoutent la création d'un cartel sur le modèle de l'Opep pouvant avoir une influence sur les prix. Pourtant, le Premier ministre russe Vladimir Poutine avait déjà réfuté en novembre l'idée d'un "cartel" du gaz et qualifié de "sans fondement" les "craintes" des pays consommateurs. "Personne d'entre nous ne va renoncer à une partie de sa souveraineté lors de la prise des décisions", avait-il dit. Mais les pays producteurs "doivent coordonner leurs actions, échanger l'information et faire tout pour garantir un ravitaillement ininterrompu en hydrocarbures des marchés mondiaux", avait-il ajouté. Ces précisions du Premier ministre russe sont intervenues au lendemain de la création fin octobre d'une troïka gazière entre la Russie, l'Iran et le Qatar. Hier, le ministre russe de l'Energie, Sergueï Chmatko, est revenu sur le sujet dans le quotidien Rossiïskaïa Gazeta. Tout en réfutant l'idée d'une "Opep du gaz", il a indiqué que l'évolution des cours mondiaux du pétrole, sur lesquels sont indexés ceux du gaz, figurera parmi un large spectre de sujets. "Je souligne que nous n'avons pas l'intention de créer un quelconque cartel des producteurs. Notre but est de garantir un équilibre indispensable entre les fournisseurs de gaz et de coordonner la politique entre les pays producteurs et consommateurs de combustible", a-t-il ajouté. "Nous réfléchissons à la manière d'établir les règles du jeu. Mais n'attendez pas à ce qu'elles entrent en vigueur dès le 1er janvier", a prévenu M. Chmatko. La réunion d'aujourd'hui aura, par ailleurs, à adopter le projet des statuts du Fpeg. En effet, les ministres des pays membres du FPEG avaient décidé, en avril 2007, au terme de leur réunion de Doha, de créer un haut comité technique présidé par la Russie pour réfléchir au renforcement de la coopération au sein de la structure informelle que constitue le Forum. Le document avait été finalisé au moment de la réunion de ce groupe de travail lors de sa réunion du 26 novembre dernier. Pour rappel, le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, avait déjà indiqué que ce document "ne prévoit pas la création d'une organisation des pays producteurs et exportateurs de gaz sur le modèle de l'Opep" parce qu'une telle organisation "ne peut maîtriser ni les quantités ni les prix étant donné que les contrats de gaz sont à long terme". D'après lui, ce forum est un espace d'échange d'expériences, en vue de consolider les relations commerciales et de développer des projets de partenariat entre pays producteurs et exportateurs de gaz. Le ministre avait rappelé que le sujet de la création d'une Opep du gaz "n'est pas dans l'intérêt des pays gaziers car cela inciterait les pays consommateurs, notamment européens, à opter de plus en plus pour d'autres énergies". Il avait souligné, par ailleurs, que "le Fpeg est important du fait que ses membres font des projets ensemble, mais ce n'est pas un groupe qui va contrôler les prix et les volumes de gaz comme le fait l'Opep". Le Fpeg, une structure informelle de dialogue fondée en 2001, regroupe une quinzaine de pays riches en gaz naturel, dont l'Iran, la Russie, le Qatar, le Venezuela et l'Algérie, qui disposent de 73% des réserves mondiales et assurent 42% de la production. La Norvège, troisième exportateur de gaz au monde après la Russie et le Canada, participera en qualité d'observateur à cette réunion de Moscou.