Le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, vient de jeter un pavé dans la mare en ouvrant un nouveau front dans les conflits opposant l'Algérie à l'Union européenne pour tout ce qui a trait au gaz. Dans une interview au journal russe "Expert Magazine", le ministre a soulevé la problématique des prix du gaz et du comportement des Européens vis-à-vis de l'Algérie pour ce qui a trait à des questions énergétiques. M. Khelil est allé plus loin en affirmant que "l'Algérie soutiendrait l'idée de la création d'une Opep du gaz". Il indiquera, dans ce sens, que le Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG) devrait fonctionner "comme une organisation économique" sur le modèle de l'Opep. "En plus de la Russie et du Qatar, le gouvernement algérien a déclaré qu'il soutiendrait l'idée de la création d'une Opep du gaz". Et de préciser que "l'Algérie n'a pas besoin de cette organisation comme une entité politique, on voudrait que ce forum soit une organisation économique qui puisse fonctionner à l'instar de l'Opep". Mais, le ministre a toutefois reconnu que "créer une telle organisation sera bien sûr très compliqué car chacun de ces pays (Algérie, Russie, Qatar) a conclu des contrats à long terme". Même si les conditions actuelles du marché ne le permettent pas, il pourrait très bien constituer, à moyen terme, une base solide pour la création d'une organisation pouvant permettre à ses membres de peser sur le marché mondial du gaz, réguler les prix et éviter la concurrence entre les pays producteurs. Il faut savoir que le développement du gaz naturel liquéfié (GNL) devrait, à terme, permettre aux pays gaziers de vendre directement et librement leur gaz sur le marché, d'une façon plus flexible et de créer ainsi un marché spot. Les pays producteurs ont beaucoup investi dans la liquéfaction et, à l'autre bout de la chaîne, les consommateurs se sont dotés d'importantes infrastructures de regazéification. Le GNL apparaît indéniablement comme un vecteur essentiel de l'expansion gazière mondiale. Le commerce du GNL reste promis à un développement rapide, de l'ordre de 7 %/an d'ici à 2020, ce qui porterait sa part dans les échanges gaziers internationaux à quelque 38 % à cet horizon. La globalisation du marché gazier, l'augmentation de la production et de la consommation de gaz naturel et de gaz naturel liquéfié dans le monde ont fait que les pays producteurs membres du FPEG ont pris conscience de leur influence de plus en plus grande en matière d'approvisionnement du marché gazier. L'Algérie, qui plaide pour la multiplication des contrats court et à moyen terme, va d'ailleurs recevoir la première réunion officielle du FPEG qui se tiendra le 19 avril 2010 à Oran en marge de GNL 16. Cette concordance ne peut être fortuite. Cette première réunion permettra ainsi au FPEG de tracer les grandes lignes de son action et pourquoi pas lui offrir les moyens de se doter d'un rôle actif dans cette nouvelle organisation sur la marché du gaz. Jugeant le prix actuel du gaz sur les marchés internationaux "injuste", M. Khelil a plaidé pour la redéfinition des méthodes de calcul de ces prix par les différents pays producteurs de cette énergie. Selon le ministre, le prix du gaz devrait être deux fois plus élevé que son niveau actuel. Pour la coopération énergétique avec l'UE, M. Khelil a précisé que vu les "décisions bizarres" prises par certains pays européens, l'Algérie "va réfléchir à deux fois avant de réaliser de nouveaux projets en Europe", citant à ce sujet la décision du ministère des Finances espagnol d'imposer une taxe sur le gaz qui va transiter par le Medgaz.