Au lendemain de la libération du vieux Ali Hassani, le village d'Aït Koufi respire enfin la sérénité. Hier, une déclaration a été affichée dans tous les lieux publics de la daïra de Boghni dans la wilaya de Tizi Ouzou. La coordination des comités de villages remerciait toute la population qui a été aux côtés de la famille de la victime. «Nous sommes heureux et rassurés par l'élan de solidarité qui a suivi l'enlèvement de Ammi Ali», affirmait un proche de la famille. Bien que se trouvant encore à Reghaïa, dans la banlieue algéroise, la maison du vieux Hassani a été submergée par les visites de citoyens désireux s'enquérir de son état de santé après un mois de captivité. Dans les cafés, la tension qui régnait a visiblement baissé. Les gens discutaient de la libération avec assurance et quiétude. «Nous ne cessions pas de penser à l'issue de cette affaire, elle nous hantait jour et nuit», affirmait un autre villageois. Toutefois, de l'avis général, la vigilance devra être de rigueur. Malgré cet élan de solidarité qui caractérise les populations de la région, il n'est pas exclu d'autres actes de ce genre. C'est pourquoi, les gens que nous avons joints, réaffirmaient leur volonté de maintenir en veille la structure villageoise qui s'était constituée au lendemain de l'enlèvement. «Tant que l'insécurité bat encore son plein dans notre région, les populations doivent rester vigilantes. Notre mobilisation ne doit pas être abandonnée, c'est l'unique moyen que nous avons face au banditisme», poursuit un autre. Bien que les voix l'ont exprimé implicitement, il n'en demeure pas moins que les dires font apparaître un sentiment d'abandon qui se répand de plus en plus parmi les villageois. «Ces kidnappings sont le résultat du banditisme qui sévit depuis des années dans notre région sans qu'aucune autorité s'en inquiète», dira un vieux de la région d'Assi Youssef. «Pourquoi ces gens ne s'attaquent qu'à la Kabylie? C'est l'argent de ces vieux qui nous fait vivre. Où sont ces grandes entreprises qui employaient des milliers de gens dans notre wilaya?» s'interrogeait un autre jeune, visiblement excédé par la concentration de ces actes en Kabylie. Beaucoup de citoyens s'accordaient, en effet, à dire que leur région n'est pas suffisamment protégée. L'insécurité est telle depuis des années que les villageois s'inquiètent aussi bien pour leur vie que pour leurs biens. En effet, la région de Boghni, à l'instar de toutes les communes de la wilaya, souffre d'une insécurité criante depuis près d'une décennie. Des dizaines de vols de véhicules sont signalées sur les routes. Les bureaux de poste sont souvent rackettés. Le tout dernier acte de cette nature remonte à une quinzaine de jours. Un bureau de poste a été cambriolé à Assi Youssef. «Nous devons maintenir la coordination des comités de village tant que les vols et les rapts persistent encore. La situation que nous vivons est insupportable», déplorait un quinquagénaire. Enfin, des élus apostrophés n'ont pas omis de soulever la nécessité d'un plan d'urgence, sécuritaire et économique, pour la région de Kabylie.