«Le ministère de l'Education nationale ne veille plus à l'épanouissement de cette langue», a-t-il déclaré. Le secrétaire général du Haut Commissariat à l'Amazighité a dressé un tableau noir à propos de l'engagement de l'Etat pour l'épanouissement de l'enseignement de tamazight. «L'absence d'une réelle volonté politique de la part des autorités est à l'origine du marasme dans lequel vit la langue tamazight», a déclaré, hier, Youcef Merrahi. Intervenant en marge de la célébration du 30e anniversaire du printemps berbère organisée au journal El Moudjahid, M.Merrahi a déploré le fait que les autorités du pays considèrent que tamazight est toujours à titre expérimental. «Tamazight n'arrive toujours pas à s'épanouir. Elle est otage des pratiques bureaucratiques contraignantes», a-t-il martelé. Organisée sous le thème «Le travail institutionnel à entreprendre pour la réhabilitation et le développement de l'Amazighité en Algérie», le premier responsable du HCA ne s'est pas fait beaucoup d'illusion quant à l'épanouissement effectif de cette langue. «400 diplômés en langue amazigh sont livrés au chômage», a-t-il regretté, avant de s'en prendre au ministère de l'Education nationale. «Le ministère de l'Education nationale ne veille plus à l'épanouissement de cette langue», a-t-il déclaré. Par ailleurs, dans une lettre adressée à M.Benbouzid, le député et constitutionaliste, Ali Brahimi, a affirmé que «depuis son institutionnalisation, l'enseignement du Tamazight ne cesse d'être ballotté entre plus ou moins d'élèves -au gré des campagnes de dissuasion-intimidation de certains préposés spécialisés dans son sabotage, plus ou moins de postes budgétaires et plus ou moins de classes et d'écoles». M.Brahimi a dénoncé, également, le rétrécissement de l'enseignement de Tamazight à travers le territoire national. «Entamé lors de l'année scolaire 1995/1996, dans seize wilayas, dans des proportions spatiales et humaines inégales, cet enseignement ne cesse de voir son territoire se rétrécir comme peau de chagrin», a-t-il précisé, avant d'ajouter, «malgré de fortes communautés berbérophones, Oran, Illizi, El Bayadh et Tipasa ont été rapidement sevrés de leur droit à leur langue autochtone». Et d'ajouter, «la traduction matérielle du fameux mot d'ordre de "Tamazight di Lakul" (tamazight dans l' école) ne survit plus aujourd'hui que dans 10 wilayas au profit de 235.063 apprenants seulement dont la majorité est au cycle moyen». Dans ce sens, M.Brahimi a fait savoir que la Kabylie représente 91,98%, soit 216.230 élèves dont 96,27% se trouvent dans les seules wilayas de Tizi Ouzou, Bouira et Béjaïa, avant de déplorer que Boumerdès, chef-lieu de wilaya, ne bénéficie pas de cet enseignement, reléguée vers quelques zones rurales isolées tandis que Bordj Bou Arréridj en est totalement privée.