Depuis décembre 2003, les ponts ont été coupés entre le HCA et le département de Benbouzid. Le débat sur l'enseignement de tamazight ressurgit une fois encore, à la faveur des flèches décochées par Youcef Merrahi, SG du Haut commissariat à l'amazighité, à l'adresse du département de l'Education nationale. Invité à l'émission «Face à la presse» de la Radio chaîne II, M.Merrahi considère que le ministère de l'Education nationale «n'a pas mis en place les moyens nécessaires pour l'enseignement de la langue amazighe». Pour étayer ses dires, il explique que depuis 1995, le même département ministériel, «n'a formé aucun enseignant en tamazight». Les deux stages de recyclage organisés annuellement au profit des professeurs de cette discipline «sont assurés par le HCA», regrette Youcef Merrahi. Son réquisitoire ne s'arrête pas à ce stade, il continue pour dire que les quelques 200 diplômés en tamazight qui quittent annuellement les facultés algériennes ne sont pas pris en charge par l'Etat dans le cadre du développement et la généralisation de l'enseignement de tamazight. Le ministre de l'Education avait, en guise de réponse, annoncé l'ouverture de 165 postes budgétaires pour les professeurs de tamazight. Sur les ondes de la radio Chaîne II, Youcef Merrahi déclare que le chiffre avancé par Boubekeur Benbouzid ne peut satisfaire la demande énoncée et couvrir le manque «flagrant» d'enseignants. Peut-on parler de la nationalisation de l'enseignement de tamazight, au moment où 90% des élèves et des enseignants sont concentrés en Kabylie? A cette question, l'invité de la Chaîne II fera marche arrière pour revenir sur la récurrente question relative à l'insuffisance de l'effectif d'encadrement. Dans le même sillage, M.Merrahi fera savoir, à titre indicatif, que «le comble» est que la langue amazighe n'est pas enseignée dans la wilaya de Batna. Est-ce le retour à la case départ? Non, répliqua Youcef Merrahi, puisque «tamazight en tant que langue nationale est un acquis consacré par les lois de la République». Néanmoins, il dira dans son élan que «l'application sur le terrain de cet acquis reste une autre paire de manches». Quant à la position du Haut commissariat à l'amazighité par rapport à cette situation, son secrétaire général explique que le HCA n'a cessé de militer et interpellé les instances concernées. A ce niveau du débat, M.Merrahi prend carrément le taureau par les cornes en annonçant un différend qui dure depuis décembre 2003 entre le HCA et l'éducation nationale. «Depuis cette date nous n'avons tenu aucune rencontre avec l'éducation nationale, pourtant nous n'avons pas cessé de le réclamer», a-t-il laissé entendre. Sur l'autre question dite tamazight à trois alphabets, le secrétaire général du HCA admet le fait que cette question «obéit à des raccourcis politiques». Par ailleurs, a-t-il ajouté comme pour expliquer la position de son établissement, le HCA a, lors d'un colloque organisé à Alger, recommandé l'écriture de tamazight en latin. Depuis une année, le mandat du Haut commissariat à l'amazighité n'a pas été renouvelé. Le poste du président est demeuré vacant après le décès de Mohand Ouidir Aït Amrane. Est-ce le remplacement qui tarde toujours à avoir lieu et qui veut dire fin de fonctions pour le HCA. Youcef Merrahi n'est pas de cet avis et qualifie l'hypothèse de «rumeurs». «Il est vrai que la vacation du poste du président a des répercussions négatives sur la représentativité du HCA, mais le remplacement du président est une question qui dépasse les prérogatives du HCA», explique M.Merrahi qui, pour justifier ses propos, dira que «le HCA existe sur le terrain, il a un programme et un budget annuel». Quant à l'avenir du Haut commissariat à l'amazighité après la mise en place du projet dit Académie nationale pour tamazight, son secrétaire général n'a pu dire que: «Nous sommes prêts à remettre les clés si on nous dira que demain c'est la fin de vos fonctions». L'invité de l'émission «Face à la presse» de la radio Chaîne II admet par ailleurs que le HCA ne peut être dissout que par un texte de même valeur que le décret présidentiel par lequel il a été créé. S'agissant de l'officialisation de la langue amazighe, Youcef Merrahi reconnait qu'elle n'est pas prête, du moins à l'heure actuelle, d'être officielle. Pourquoi? Selon le SG du HCA, tamazight n'est pas en mesure d'assurer sa «métamorphose» du fait «qu'elle a été négligée depuis 1995».