De par sa position, elle a été retenue pour être le centre pilote de toutes les décisions. Comme rapporté dans l'une de nos précédentes éditions, c'est au niveau de Tamanrasset que sera installé le centre de renseignements commun devant superviser les opérations militaires contre ce qu'on appelle Al Qaîda au Maghreb, dans le cadre de la stratégie de lutte antiterroriste. Le ministère de la Défense nationale vient d'annoncer le regroupement de pas moins de quatre Etats: l'Algérie, la Mauritanie, le Niger et le Mali, pour lancer cette stratégie avec la mobilisation de plus de 25.000 soldats dont des hommes des tribus touarègues. La wilaya de Tamanrasset, relevant du commandement de la 6e Région militaire et située à 2000 kilomètres d'Alger, de par sa position, a été retenue pour être le centre pilote de toutes les décisions. Une commission mixte a été installée hier devant constituer dans le même cadre «le quartier général commun», d'où seront décidés les moyens matériels à investir pour le déclenchement d'une première opération entre les armées des quatre pays participants. Une source sécuritaire très bien informée a confié que «les choses sérieuses ont réellement commencé et la lutte contre Al Qaîda au Maghreb sera sans relâche à long ou à moyen terme». Cette mobilisation intervient à la suite d'un processus de lutte commune qui découle, rappelons-le, d'une coopération sur tous les plans récemment instaurée entre les pays concernés par la sécurité au Sahel, devenu depuis 2007 un lieu de prédilection des réseaux terroristes affiliés à la nébuleuse et aux réseaux des grands trafics. La décision d'installer ce QG à Tamanrasset se veut une reconnaissance à l'Algérie en tant que puissance militaire régionale mais aussi de par son efficacité dans la lutte antisubversive. En outre, le choix de Tamanrasset comme ville pilote des opérations est un consensus qui répond, à ne pas en douter, ajoute notre source, aux grands axes tracés les 12 et 13 août 2009, lors de la réunion qui avait rassemblé les hautes instances militaires des Etats-majors des quatre pays en question et qui sera confirmé lors de leur prochaine rencontre à laquelle se sont joints la Libye, le Tchad et le Burkina Faso le 4 avril dernier. Il va sans dire qu'au niveau de cette base de commandement, sera élaborée une stratégie devant permettre une collaboration entre les quatre pays pour freiner l'activité terroriste et le crime organisé à leurs frontières communes. Certes, dans un premier temps, on se limitera à une simple mobilisation de soldats. Mais par la suite, le commandement décidera également des moyens matériels, notamment la mise en oeuvre des forces aériennes, et l'installation de plusieurs postes de surveillance. Pesant de tout son poids sur ce processus, l'Algérie exige une totale transparence dans l'échange de renseignements opérationnels, à vérifier au niveau de la base de commandement de Tamanrasset, mais aussi du total respect du décret de l'ONU relatif au versement de la rançon ou les procédures de négociations avec les réseaux terroristes qui ont été criminalisés. A ce propos le Mali a été fragilisé après la libération de l'otage français Pierre Camatte. Ce pays semblait même perdre le contrôle sur son propre terrain à cause de l'ingérence de la France qui obligera les autorités maliennes à négocier avec le groupe terroriste dirigé par le sinistre Abou Zeid, mais aussi à remettre en liberté quatre terroristes dont deux Algériens recherchés par les autorités militaires. Bien mieux, la France versera même une rançon dont le montant n'a jamais été rendu public. La sécurité au Sahel a toujours été une question primordiale pour l'Algérie. D'ailleurs, elle a refusé que cette région se transforme en un terrain de luttes entre différents services de renseignement occidentaux. «La réunion constitue également une opportunité d'échanger les analyses sur ces menaces qui, faute d'actions collectives et synchrones pour les dissuader et les éliminer, ouvrirait la porte aux interventions étrangères. C'est, en effet, le défi principal que nous devons relever en pleine co-responsabilité», avait souligné le chef d'état-major de l'Armée nationale populaire (ANP), le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah, lors des travaux de la réunion des chefs d'état-major des pays de la région sahélo-saharienne à Alger. Par cette mobilisation rapide l'Algérie tente de couper court à toute ingérence et aux tentatives d'intervention directe de la part des puissances occidentales. L'Algérie sera de nouveau à l'avant-garde de la lutte continentale où la collaboration des autres pays voisins est appelée à être à la hauteur des risques qu'encourt réellement la région. Néanmoins, il est clair que certains pays occidentaux comme la France s'impatientent déjà à soumettre les Etats du Sahel militairement faibles, à un véritable forcing prélude d'une intervention étrangère que tous rejettent, y compris l'Algérie. La mobilisation de l'Algérie dans ce processus conforte son intention d'offrir à ses voisins une occasion leur permettant de mieux se défendre d'abord contre le grand banditisme et le terrorisme mais aussi de préserver leur souveraineté.