Lieux autrefois si pudiques, la haute Casbah livre aujourd'hui ses entrailles déchirées aux visiteurs. Les derniers vestiges de la vieille Casbah de Dellys, à 75 km à l'est du chef-lieu de wilaya, sont menacés. Aussi, une véritable course contre la montre vient d'être engagée pour sa sauvegarde. Citadelle datant de 1515 et construite par les Turcs, les vestiges de la haute Casbah sont encore visibles à ce jour. Elle fut occupée en 1843 par l'armée française qui exploita sa situation stratégique pour en faire une base militaire durant la première période de son installation dans la région. Selon la loi de septembre 2007 portant sur la «création et délimitation de la zone protégée de la Casbah de Dellys», cette dernière est limitée à l'est par l'oued Tiza, à l'ouest par le siège de la Gendarmerie nationale, au nord par le port de Dellys, et au sud par la forêt Bouarbi. Depuis une année, plusieurs chantiers y ont été lancés par quatre entreprises nationales, assurément, spécialisées dans le domaine de la restauration des vestiges et monuments historiques. Les travaux consistent en des déblaiements et ramassages d'ordures et autres rejets divers de terre et de gravats, parallèlement au classement de vieilles pièces lithiques disséminées à travers ce site antique, et la remise en place d'autres pierres demeurées encore en bon état. Il est également question de conforter les constructions menaçant ruine, à l'instar du mur de protection ceinturant la ville, du côté de la mer, sur 2 km de long, sous les effets conjugués du temps et de facteurs humains et naturels. Ce confortement concerne principalement les zaouïas, la vieille mosquée, l'école coranique et le mur de protection, en plus de 200 autres constructions diverses datant de l'époque turque. Les travaux d'urgence pour la restauration de la vieille Casbah de Dellys sont inscrits au titre de la mise en oeuvre e du «Plan permanent de préservation et restauration de la Casbah», élaboré en novembre 2007 par le ministère de tutelle, sur la base d'un diagnostic global et précis de cette vieille cité côtière. Six mois seront nécessaires au parachèvement de tout le processus de restauration de cette cité, tel que projeté par ce plan, avant de le présenter aux autorités locales chargées sur sa base, d'élaborer un plan d'action pour «la valorisation, la gestion et la sauvegarde de ce patrimoine culturel». Pour ce faire, une enveloppe globale de 170 millions de dinars a été dégagée. Parallèlement à ces opérations, des études sont en cours en vue de la restauration et du réaménagement de la vieille caserne coloniale du centre-ville de Dellys, pour sa transformation en un établissement culturel qui comptera un musée, un centre culturel et des ateliers artisanaux, est-il indiqué, par ailleurs. La Casbah de Dellys ne ressemble pas à n'importe quelle Casbah, car elle est la sédimentation d'innombrables acquis thésaurisés à travers l'histoire. Elle est punico-romaine par sa muraille, andalouse par ses riyadhs, ottomane par ses moucharabiyat, méditerranéenne aussi par son patio atrium. Enfin, elle est berbère par l'intégration de l'étable au corps de la maison, par son substrat et surtout parce qu'elle est la «sirène du Djurdjura», pour paraphraser un collègue. Mais, selon les informations disponibles à son sujet, la dénomination de Dellys est bel et bien tirée du mot Thadlest en tamazight.