L'AIea a proposé en octobre que l'Iran lui livre, en gage de bonne volonté, 70% de son uranium faiblement enrichi pour le transformer, en Russie puis en France, en combustible enrichi à 20%. Le chef de la diplomatie iranienne, Manouchehr Mottaki, a rencontré hier à Vienne le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea), le Japonais Yukiya Amano, a indiqué une porte-parole de l'agence onusienne, Gill Tudor. Cet entretien avait pour objectif de «discuter de différentes questions relatives au dossier nucléaire iranien et notamment d'un échange de combustible nucléaire» entre l'Iran et les grandes puissances, avait déclaré Manouchehr Mottaki à l'agence de presse iranienne Irna avant la rencontre. L'enrichissement d'uranium est au centre du conflit opposant l'Iran à la communauté internationale, qui accuse Téhéran, en dépit de ses démentis, de chercher à se doter de l'arme atomique sous couvert de son programme nucléaire civil. L'AIEA a proposé en octobre que l'Iran lui livre, en gage de bonne volonté, 70% de son uranium faiblement enrichi pour le transformer, en Russie puis en France, en combustible enrichi à 20%, dont Téhéran dit avoir besoin pour un réacteur de recherche médicale. Invoquant un «manque de confiance», Téhéran a rejeté la proposition et proposé un échange de combustible simultané sur son territoire et en plus petites quantités, mais cette contre-proposition a été refusée par les Occidentaux. «Le Directeur général et le ministre ont discuté de la livraison de combustible pour le réacteur de recherche de Téhéran» et «l'entretien s'est déroulé dans une atmosphère de travail», a précisé Gill Tudor, sans fournir d'autres précisions. Selon l'Irna, Yukiya Amano a qualifié cet entretien de «constructif», tout en soulignant «qu'il n'y aurait pas de signature d'un accord aujourd'hui». Pour sa part, toujours d'après l'Irna, Manouchehr Mottaki a indiqué à l'issue de l'entretien avoir eu «des discussions amicales, mais des discussions diplomatiques ont besoin de temps pour arriver à des résultats». A son arrivée à Vienne hier matin, le chef de la diplomatie iranienne avait annoncé «des entretiens techniques importants avec M.Amano sur la question d'un échange». «Dans les circonstances actuelles, l'Aiea et son directeur général peuvent jouer un rôle constructif. Nous pensons qu'un échange de combustible peut créer un climat de confiance multilatérale», a-t-il ajouté selon le site Internet de la télévision d'Etat iranienne. Manouchehr Mottaki s'était déclaré «optimiste» sur le fait que ces entretiens puissent aboutir à «des résultats acceptables», selon la même source. Après sa rencontre avec le Directeur général de l'Aiea, le chef de la diplomatie iranienne a rencontré son homologue autrichien, Michael Spindelegger, dont le pays siège en tant que membre non permanent au Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies (ONU), qui pourrait être appelé à se prononcer prochainement sur de nouvelles sanctions internationales contre l'Iran en représailles à sa politique nucléaire. Au cours d'une conférence de presse commune, Michael Spindelegger a souligné que «la balle était dans le camp de l'Iran» si Téhéran veut éviter de nouvelles sanctions au Conseil de sécurité: «La tendance va vers des sanctions» et, pour les éviter, «l'Iran doit montrer sa bonne volonté à coopérer», a-t-il ajouté. Selon lui, Manouchehr Mottaki a fourni «de nouvelles informations qui doivent être évaluées». Les dirigeants iraniens ont entrepris une tournée des pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU pour expliquer la position de Téhéran. Par ailleurs, Manouchehr Mottaki s'est entretenu le 20 avril à Téhéran avec le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, dont le pays, voisin de l'Iran, également membre non-permanent du Conseil de sécurité de l'ONU et qui entretient de bonnes relations avec les Etats-Unis, s'efforce de jouer un rôle de médiateur dans le dossier nucléaire et a proposé que l'échange de combustible nucléaire ait lieu sur son propre sol.