L'Etablissement hospitalo-universitaire est interdit d'accès aux journalistes. «Il est temps de revoir, de bout en bout, toute la politique de maintenance et d'entretien des équipements et des appareils médicaux du Centre pour cancéreux et ce, en se rapprochant du fournisseur.» C'est ce qu'a ordonné le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Saïd Barkat. Ce qui semble gêner le plus ce dernier, ce sont ces contraintes techniques pénalisant les malades, et pas n'importe quels patients, les cancéreux plus précisément. Les défections des appareils sont répétitives tandis que la réfection ne se fait souvent pas aussi rapidement. Anomalie qui a été longuement soulevée par les responsables du Centre des cancéreux d'Oran. La santé est sérieusement malade à Oran. Un autre fait pénalisant a été tout aussi décrié: le manque flagrant de moyens humains spécialisés. Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière n'a pas dissimulé le fait qu'il était au courant de cette évidence incontournable mais aux solutions tardives. En effet, à sa visite au Centre pour cancéreux d'El Hassi (ouest de la ville d'Oran), beaucoup de choses sont annoncées par le ministre qui a indiqué que le ton est, désormais, à la prise en charge. D'autant que le centre en question est de portée régionale recevant les malades des 14 wilayas de l'ouest du pays. Les bilans communiqués, hier, donnent froid dans le dos. Ce sont cent personnes, nécessitant des séances de chimiothérapie, qui affluent chaque jour au centre d'El Hassi. Les responsables et les praticiens de cet établissement sont sur un qui-vive permanent. Les embûches techniques et le manque de personnel paramédical, auxquels vient se greffer la capacité limitée d'accueil, sont ressenties. Le centre, qui comprend quinze services, a une capacité de prise en charge de 63 personnes. Comment arrive-t-il à répondre à une telle demande? Là est toute la question. La problématique, qui est nationale, n'est pas spécifique à la wilaya d'Oran. Pour le ministre, la maladie du cancer est en augmentation constante. Les bilans sont plus que révélateurs. Selon Saïd Barkat, 35.000 nouveaux cas sont enregistrés chaque année dont 13.000 personnes nécessitent des chimiothérapies et radiothérapies sans discontinuité. Ce qui semble motiver le ministre à passer à un nouveau stade de prise en charge est ce déficit en moyens humains et infrastructures spécialisées. Aussi, le ministre a annoncé la réalisation de 49 centres pour cancéreux et ce, dans le cadre du prochain plan quinquennal (2010-2014). Sur sa lancée, il révèlera que Oran vient d'être désignée en tant que wilaya-pilote devant abriter un cycle de formation de 50 médecins cancérologues. Sans pour autant préciser la destination exacte des médecins à former, ces derniers seront dispatchés sur neuf wilayas du pays, a-t-il indiqué. Sur un autre registre, le premier responsable de la santé a rappelé la nécessité d'inventorier tous les biens sanitaires de l'Etat aux fins de se préparer à la spécialisation de plusieurs structures sanitaires locales. Une note ministérielle a été notifiée à toutes les directions de la santé de chaque wilaya a-t-il précisé. L'établissement hospitalo-universitaire d'Oran semble devenir cette forteresse interdite aux représentants des médias qui ont accompagné hier le ministre. Les journalistes ont été informés que le point final du périple de Saïd Barkat, l'EHU, a été annulé pour permettre au premier responsable de la Santé de poursuivre son inspection en solo, dans un établissement qui a nécessité la mobilisation de 15 milliards de dinars pour sa réalisation.