Il est impératif de revoir le Code de l'information pour garantir la liberté d'expression Le président d'honneur de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme, Maître Ali Yahia Abdenour, et le professeur Amar Belhimer sont revenus avant-hier après-midi à la Maison de la culture de Béjaïa sur la situation de la presse dans notre pays. A l'occasion de la Journée internationale de la presse, les invités de l'association des journalistes et correspondants de presse de la wilaya de Béjaïa n'y sont pas allés avec le dos de la cuillère pour dresser un tableau noir de la situation. Tour à tour, les deux conférenciers ont mis en exergue les insuffisances et les entraves à la liberté de la presse en particulier, et la liberté d'expression en général. Cela devant une assistance qui dépassait toutes les estimations. Intervenant en premier, Maître Ali Yahia Abdenour fera un bref rappel historique avant d'entrer dans le vif du sujet. «Le droit à l'information, qui est lié à la liberté d'informer, est distinct du droit d'expression et de la liberté de la presse», dira-t-il, pour relever ensuite le rôle de l'opinion publique lorsqu'elle est bien informée. Il soutiendra ensuite que «la liberté de la presse est une conquête fragile qui doit être protégée», soulignant la nécessité de séparer les faits des commentaires. Le président d'honneur de la Laddh plaidera pour la protection du journaliste par une première mesure urgente, consistant à mettre fin à la répression dont il est victime. «Il faut dépénaliser le délit de presse pour expurger de son venin le Code de l'information», juge-t-il en estimant que «la presse doit rechercher la vérité et la dire». Le conférencier soumettra à l'assistance quelques réflexions à propos de la liberté de la presse et des droits de l'homme. Le professeur Amar Belhimer a averti, de son côté, qu'«une liberté de ton ne suffit pas à restituer une liberté de la presse» et qu'il ne saurait y avoir de «liberté de la presse sans les autres libertés», allusion à ce qui est appelé en droit, les libertés publiques. Pour lui, «une presse libre, pluraliste et professionnelle n'est pas compatible avec un système fermé», et de s'étaler ensuite sur les tendances lourdes qui alimentent cette antinomie dont l'impasse à laquelle a débouché la transition de l'ordre colonial vers l'ordre national, le recours à la violence comme mode de régulation d'arbitre des intérêts et l'organisation des alternances et l'instrumentalisation de la mosquée. Il soulignera que «le délit de presse est assimilé au délit de droit commun, touchant à l'ordre public». «Il est officiellement reconnu que 80% des décisions de justice frappant la presse concernent les correspondants locaux», a révélé le professeur Belhimer. Il a abordé le travail de proximité que réalisent les correspondants locaux. «Un travail qui continue à donner du fil à retordre au système.» Au cours des débats, l'assistance n'a pas manqué de soulever d'autres questions liées à la liberté de la presse en particulier, et les droits de l'homme, en général.