Le cinéma au Panaf a été un volet des plus intéressants même si son impact n'a pas suivi. Si plusieurs réalisateurs ont été mandatés pour fabriquer des films dans le cadre du 2e Festival culturel panafricain de 2009, certains, soucieux de coller à l'actualité et surtout de fixer ces images pour la postérité, ont décidé de leur propre chef de filmer, de prendre des images ça et là. Bref d'en faire un film. Le réalisateur oranais Hadj Fitas, qui n'en est pas à sa première réalisation, a pris le taureau par les cornes. Son film documentaire appelé à juste titre L'Afrique fait son cinéma à Alger est le «fruit d'un réflexe artistique», dit-il. Et d'expliquer: «Le 2e Festival culturel panafricain de 2009, étant un événement considérable dans le maigre paysage culturel algérien, il nous a semblé utile d'en laisser une trace filmée, aussi modeste soit-elle. Nous n'avons bénéficié d'aucune aide à la production, ni d'un sponsor. Ce film est totalement indépendant; nous l'avons fait avec nos propres moyens artistiques et financiers. En 65 minutes, nous proposons de faire l'état des lieux du cinéma africain au cours du Festival culturel panafricain d'Alger de 2009.» Zoom sur la soirée d'ouverture. Quelques plans vite balayés sur quelques artistes comme Manu Dibango et Youssou N'Dour pour agrémenter le film et on rentre vite dans le vif du sujet. Pleins feux sur les films qui ont inauguré le cycle cinéma illustrant le cinéma d'antan et d'aujourd'hui, entre passé et relève avec des extraits des deux films Vent des Aurès de M. L. Hamina et Sektou de Khaled Benaïssa. Dans une interview, ce dernier aura cette bonne phrase pleine de bon sens à l'adresse des institutions compétentes afin de «trouver, comme dans le foot, les bons joueurs au cinéma, en vue de hisser celui- là au rang mondial et cela grâce à la multiplication, dira-t-il, des ciné-clubs et des festivals notamment». Le 1er Festival culturel panafricain de 1969 est ensuite évoqué avec des extraits du film et un entretien avec son réalisateur William Klein. Ce film apparaît aujourd'hui comme une véritable page d'histoire de ce qu'a été Alger à l'époque, une véritable Mecque des révolutionnaires. Le réalisateur ne put s'empêcher de demander à Wiliam Klein - actualité oblige - son avis sur le rôle d'Obama dans la confirmation de l'unité africaine. Aussi, Fatima-Zohra Zamoum parle de son film-hommage à Sembène Ousmane. Le documentaire de Fitas mettra en outre, l'accent sur les thèmes abordés dans les films africains de François Woukouache, Brahim Tsaki, Abdoulaye AscOfare, Régina Fanta Nacro. L'esclavage, l'impossible dialogue Nord-Sud ainsi que la domination économique du Nord sur le Sud, ainsi que la nécessité de l'entraide et la solidarité entre Africains et les guerres civiles et fratricides qui déchirent certains pays africains, ont été les quelques sujets phares développés par ces cinéastes. M.Lyazid Khodja, réalisateur, gérant de la filmothèque Mohamed-Zinet de Riad El Feth, nous fera un bref résumé du colloque sur le cinéma africain et ses ressources de financement. Il évoquera ainsi les problèmes communs à de nombreux pays africains, à savoir le manque de salles, de budget et de ressources financières à même de produire des films en Afrique et la difficulté de les distribuer, que ce soit sur un plan local ou international. Pour rappel, une cinquantaine de cinéastes africains et de la diaspora avaient pris part à ce colloque. Pour l'acteur et réalisateur de Côte d'Ivoire, Sedikki BakAaba soulignera l'importance du métier d'acteur et la nécessité d'en faire des «stars» afin que le peuple africain puisse s'identifier à l'image d'un Danzel Washington aux USA à même de représenter dignement la culture africaine. Danny Glover, le célèbre acteur américain de la série de films L'Arme fatale et récemment, du film 2012, relèvera l'importance d'acquérir une audience d'abord locale avant de penser à l'internationale, faisant référence au public et les possibilités de s'en sortir. Enfin, le film L'Afrique fait son cinéma à Alger se clôturera avec ces images, extraites du film L'Afrique vue par..., composé d'une dizaine de courts métrages sur l'Afrique, dont un entretien avec l'un de ses artisans, Nouri Bouzid, qui évoquera l'audace de ses films. Le journaliste Tazarout évoquera, enfin, le besoin de créer ses propres modèles de représentation, des héros à l'image de Luky Luke à l'étranger pour une meilleure compréhension de notre société qui se tourne souvent vers des repères plutôt extérieurs.