Il reste un mois à l'Algérie pour signifier formellement ses réserves sur l'Accord d'association avec l'Union européenne. Pour Laura Baeza, chef de la délégation de l'Union européenne à Alger, l'Accord d'association avec l'Algérie se déroule normalement. Du côté Sud de la Méditerranée, on est loin de parler de normalité mais plutôt de révision de certaines de ses dispositions. Or, d'après une source parvenant de l'Union européenne, aucune instance n'a encore été saisie officiellement pour formaliser cette volonté. La cause serait liée au fait que l'Algérie ne veut pas paraître comme un pays qui a des difficultés à honorer ses engagements internationaux. Même si les clauses de l'accord stipulent explicitement que des mesures de sauvegarde peuvent être demandées dans certains cas précis à quoi s'ajoute une révision de la liste des contingents admis à l'exportation. A côté de cela, l'Algérie aspire toujours à tirer des dividendes de ses relations encadrées avec l'UE. Dans un mois, ce sera le Sommet de l'Union pour la Méditerranée qui devra se tenir en Espagne. Si des décisions vigoureuses y sont prises, l'Algérie ne sera pas exclue des bénéfices éventuels. Ce sera le cas si les 43 chefs d'Etat formant le regroupement acceptent la création d'une banque d'investissement euroméditerranéenne. Le projet a été confié par le président français, Nicolas Sarkozy, à Charles Milhaud, ancien président du conseil de surveillance de l'Institut de prospective économique du monde méditerranéen et ancien président du directoire du groupe Caisse d'Epargne. Ses conclusions devraient être rendues à la fin de ce mois pour être présentées, selon toute vraisemblance au Sommet de l'UPM. La dynamique de l'UPM est bloquée par le conflit palestinien. Mais pour les autres projets, certains ne s'éloignent de l'optimisme de les voir aboutir. Selon un bilan établi par la France, initiatrice de l'initiative, l'UPM permet le lancement de 73 projets d'un montant de 5,2 milliards d'euros pour la dépollution de la Méditerranée. Parmi les autres chantiers, on peut citer la création d'une cour d'arbitrage euroméditerrannéenne, l'adoption d'un traité de garantie des investissements, l'élaboration d'un pacte pour la sécurité alimentaire en Méditerranée et la création d'une chaîne de télévision culturelle. Tous ces sujets seront mis sur la table du second sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union pour la Méditerranée du 7 juin à Barcelone. Une large palette de coopération s'ouvre avec l'Europe au regard de ces projets et il n'y a pas lieu de se concentrer uniquement sur l'Accord d'association dans les relations de l'Algérie avec l'Europe. Comme il n'y a pas, non plus, que les relations commerciales. D'ailleurs, l'Algérie n'arrive pas à bénéficier pleinement des opportunités offertes par l'accord ou néglige de mettre l'accent sur ce qui marche le mieux. Si les produits européens sont commercialisés en Algérie, le contraire est aussi vrai. Le gaz entre en Europe sans droit de douane ainsi que les produits agricoles. Ces questions peuvent être discutées au sein du Conseil d'association en juin prochain. D'autres dossiers ayant une portée plus globale seront aussi discutés lors du prochain rendez-vous de l'UPM. Les questions palestinienne et sahraouie seront à l'ordre du jour. L'émigration, le climat, l'énergie, la sécurité alimentaire et la croissance économique ont aussi été choisis pour figurer au programme des chefs d'Etat. C'est ce qu'avait dit, jeudi dernier, l'ambassadeur d'Espagne à Alger, Gabriel Busquet. Les questions de sécurité au Sahel et celle du terrorisme ne seront pas évacuées du débat. Le 27 mai prochain, se tiendra à Marseille une réunion destinée à présenter les différents projets de l'Union pour la Méditerranée. Pour mémoire, en avril 2009, la première rencontre de ce genre avait permis de mobiliser près de 10 milliards de dollars auprès des bailleurs de fonds. Mais ce n'est qu'un budget de démarrage. Le grand défi est d'éviter l'échec comme subi depuis quelques jours lors d'une rencontre sur la stratégie de l'eau à laquelle s'est invité le conflit palestinien. Les menaces dEl Hachemi Djaâboub de revoir l'Accord d'association uniquement parce que le pays importe des produits et services d'Europe, ne tiennent pas compte des enjeux plus stratégiques des relations avec l'Europe.