Il est hors de question pour les Européens de vivre une nouvelle guerre de religions à cause de la burqa. Deux raisons expliquent l'opposition de certains pays européens au port de la burqa par les musulmanes. La peur d'une nouvelle guerre de religions et la libération de la femme de la domination de l'homme. C'est ce qu'a affirmé jeudi dernier à Alger la chef de la délégation de l'UE en Algérie, Mme Laura Baeza. Elle était l'invitée de la commission des Affaires étrangères de l'APN et s'exprimait devant une trentaine de députés. L'ambassadeur d'Espagne en Algérie, Gabriel Busquets, dont le pays préside l'UE, a assisté à la rencontre. Aux députés qui critiquaient la position de certains pays européens voulant interdire le port de la burqa, elle répond que l'Europe a assez souffert des guerres de religions pour raviver cette flamme. La laïcité est consacrée dans tous les pays européens, ajoute-t-elle. L'autre argument tient au respect des droits de la femme. Elle dit que les citoyennes européennes ont acquis de nombreuses libertés et qu'elles ne veulent pas que ces acquis soient remis en cause par d'autres citoyennes, même si elles sont porteuses de cultures différentes. Mme Laura Baeza veut aussi libérer les femmes musulmanes européennes ou vivant en Europe, de l'emprise de leurs maris ou de leurs proches qui leur imposeraient une tenue vestimentaire. En tout cas, l'attitude des pays européens est loin d'être dictée par l'islamophobie, selon elle. D'ailleurs, les droits doivent être respectés même en Algérie puisque l'UE finance des formations des membres des ONG pour lutter contre les violences faites aux femmes, ainsi que des programmes de formation au ministère de la Justice. Le tout au nom de l'Accord d'association entre l'Algérie et l'Union européenne qui comporte des articles sur les droits de l'homme et la démocratie. L'oratrice ne comprend pas «pourquoi tout le monde tire sur cet accord». Au début des années 2000, lors des négociations de l'accord, puis lors de sa signature en 2005, l'attitude était tout autre. C'était même «une main tendue» en faveur de l'Algérie lorsqu'elle vivait des moments difficiles, selon l'oratrice. En termes diplomatiques, elle accuse les Algériens d'ingratitude. Elle ajoute que s'il y a une protection du marché local à effectuer c'est bien du côté de la Chine et des pays arabes qu'il faut se tourner, car l'Europe a cessé d'être le premier partenaire commercial du pays. Sans parler de la qualité des produits importés. Pour le reste, la mise en oeuvre de l'accord se déroule normalement. Le 5e Conseil d'association est même prévu en juin prochain. Si l'Algérie veut une révision des clauses sur les contingents de produits algériens exportés vers l'Europe sans droits de douane, cela pourrait se faire. Mais l'ambassadrice s'étonne du fait que l'Algérie n'arrive même pas à exporter les produits agricoles autorisés. De toute façon, l'Accord d'association n'est pas le seul canal de coopération entre l'Algérie et l'Union européenne. L'UPM est l'un des autres moyens de maintenir ces liens. Mme Baeza estime que l'Algérie a contribué pleinement à la mise en place de l'UPM. C'est l'ambassadeur d'Espagne en Algérie, Gabriel Busquets, qui confirme que le prochain sommet de l'Union se tiendra en juin à Barcelone. Entre 2007 et 2010, une enveloppe de 220 millions d'euros a été dégagée par l'UE pour l'Algérie. Le programme pour 2011-2013 sera de 172 millions d'euros.