Tout doit être prêt pour le lever de rideau prévu ce soir à 19h30, lorsque l'équipe de Robin Hood foulera la première, le fameux tapis rouge. Cela ne se voit pas trop. Pourtant à une dizaine de mètres du Palais du festival, un mini-tsunami, appelé ici coup de mer avait tout fait tomber à...l'eau! Des trombes d'eau avaient démantelé l'infrastructure en construction, destinée à accueillir les festivaliers et les fêtes qui vont, le long de la plage qui jouxte la Croisette. Des tonnes d'algues avaient recouvert le sable irréprochable d'ordinaire...Mais rien n'y fit, Sisyphe avait aussi fait le voyage à Cannes, apparemment...De nuit et de jour, des équipes se sont relayées pour remettre d'équerre un décor de rêve qui va être, dès ce jour sous les feux de la rampe, offert ainsi aux caméras du monde entier....C'est qu'on annonce plus de 4000 journalistes tous supports confondus!...Alors tout doit être prêt pour le lever de rideau prévu ce soir à 19h30, lorsque l'équipe de Robin Hood foulera la première, le fameux tapis rouge qui inaugure cette montée des marches devenue synonyme de Cannes. Escorté par Russel Crow, Cate Blanchett à son bras, sous le regard de l'«historique» Max Von Sidow, Rydley Scott aura donc les honneurs d'ouverture de cette édition qui s'annonce assez rock'n'roll, et ce, à tout point de vue...Et tout comme les archers de Robin des Bois, ici chacun affûte ses armes, en attendant d'en découdre... Pour le moment, c'est l'Italie de Berlusconi qui, déjà, hurle au loup à cause d'un documentaire sur Berlusconi et le séisme de L'Aquila, Draquila, qui a fait sortir de ses gonds le ministre de la Culture italien qui annonce qu'il boycotte Cannes à cause de la sélection de ce film «de propagande qui offense la vérité et le peuple italien dans son entier», (rien que cela!). Il faut dire que Sabina Guzzanti n'en est pas à son premier coup...Elle a déjà hanté les nuits du Cavaliere et apparemment ce n'est pas fini... Bien sûr que, et pour ce qui nous concerne, c'est la projection de Hors-la-loi de Rachid Bouchareb qui occupe les esprits...Il faudra patienter un peu, la première séance, pour la presse, a été fixée pour le vendredi 21 mai...Quant à Des hommes et des Dieux de Xavier Beauvois, qui relate la tragique fin des moines de Tibhirine, il sera visible mardi prochain. Autre film très attendu Carlos de Olivier Assayas, il sera montré dans sa version longue, 5 heures 33 minutes, le jour de son passage sur Canal+. Une réussite qui doit un tel aboutissement tant à Assayas qu'à l'incroyable investigation d'un grand journaliste de terrain, Stephen Smith...S'il avait été en lice, Carlos aurait, sans coup férir, figuré au palmarès final...Mais Cannes a ses règles et elles sont très claires, même si elles font parfois preuve de souplesse, comme pour annoncer à la dernière minute (48h avant le jour «J») la sélection de Route Irish de Ken Loach, qui sera ainsi le 19e film en compétition. La course avec le rival vénitien reste féroce... Visionné durant le week-end par Thierry Fremeaux, le délégué général, et son équipe, Route Irish s'annonce comme un thriller dont les personnages principaux sont deux Anglais (interprétés par Mark Womack et John Bishop aux côtés d'Andrea Lowe et Trevor Williams) qui se lancent dans le business de la reconstruction en Irak, après s'y être engagés comme soldats. Le réalisateur rebelle, qui en est à sa 10e participation cannoise, toutes sections confondues, a rassemblé son team habituel: le scénariste Paul Laverty et le talentueux directeur photo, Chris Menges. Route Irish sera projeté jeudi 20 mai, le même jour que Fair Game, de l'Américain Doug Liman et La Nostra Vita, de l'Italien Daniele Luchetti. Agé de 73 ans, Ken Loach est un habitué de la compétition cannoise, où il a remporté à deux reprises le Prix du jury (en 1990 avec Hidden Agenda et 1993 avec Raining Stones), avant de décrocher la Palme d'or en 2006 pour Le vent se lève, qui évoquait la guerre d'indépendance irlandaise. L'Irak sera aussi présenté selon une vison américaine, décapante, qui s'annonce comme un des événements du festival...En attendant, place aux lampions de cette première nuit cannoise qui s'annonce festive en diable.