«La gestion privée a prouvé sa défaillance. Il suffit de voir l'anarchie qui caractérise les horaires d'ouverture et de fermeture des marchés pour s'en convaincre.» L'Etat se ressaisit. Il compte reprendre en main le marché des fruits et légumes. La gestion de ses marchés ne sera plus du ressort du privé. Une entreprise publique sera créée pour prendre en charge les commandes du souk. Le ministre du Commerce, El-Hachemi Djaâboub, l'a déclaré, en live, devant les caméras de l'Entv jeudi dernier lors d'une séance de questions orales à l'APN. Il a fait savoir qu'une réunion regroupant les directeurs du commerce à travers le pays se tiendra prochainement afin d'accélérer les procédures permettant la mise à niveau des marchés de gros des fruits et légumes. Sur ce sujet, le ministre a reconnu, publiquement et sans gêne, la défaillance du privé dans la gestion des marchés. «L'expérience du privé a démontré la gestion anarchique des marchés», a-t-il avoué. Le ministre est allé jusqu'à déplorer «l'actuelle gestion de ces structures aussi stratégiques livrées à des privés intéressés uniquement par le gain sans respect des normes». «La gestion privée a prouvé sa défaillance. Il suffit de voir l'anarchie qui caractérise les horaires d'ouverture et de fermeture des marchés et qui déstabilise les prix», a-t-il relevé en prenant à témoins tout le monde. Il faut reconnaître que les opérateurs privés ont imposé leur diktat en prenant en otage le consommateur. La flambée des prix des fruits et légumes n'obéit plus à la question de l'offre et de la demande, mais à des calculs imposés par les spéculateurs qui exercent leur loi. Le feuilleton de la pomme de terre, de la tomate, de la semoule et actuellement de l'oignon et l'orange, l'illustre parfaitement. Vu l'urgence de cette situation, le gouvernement compte intervenir rapidement. «Nous allons agir pour obliger les communes qui gèrent ces marchés à se mettre rapidement en conformité avec les cahiers des charges et les clauses du décret, publié l'année dernière, relatif à la mise à niveau des marchés des fruits et légumes», a déclaré M.Djaâboub à la presse en marge de cette séance. Revenant sur la création de l'entreprise publique économique (EPE), le ministre a précisé que «la première mission qui lui sera donnée est la récupération de ces marchés pour y assurer une gestion rigoureuse, transparente et viable». Décidée récemment par le Conseil des participations de l'Etat, cette entreprise sera chargée de gérer les marchés à caractère national. Evoquant le financement de cette mise à niveau, le ministre a avancé qu'une «convention de financement sera discutée avec la Banque du développement rural (Badr)». Ce n'est pas tout. Le département du commerce prévoit également des surprises pour les marchés illicites. «Une autre restructuration, visant à résorber les espaces informels, est parallèlement prévue au sein des marchés de proximité et des marchés couverts»,a-t-il encore précisé. En réponse à une question d'un député relative à la mise à niveau d'un marché des fruits et légumes dans la wilaya de Djelfa, le ministre a répondu que cette opération se fera dans le cadre de la politique nationale en la matière. M.Djaâboub a, par ailleurs, indiqué qu'un premier abattoir à caractère national sera incessamment construit dans cette wilaya, pionnière dans l'élevage et la commercialisation du bétail. Par ailleurs et sur le chapitre de l'Accord d'association avec l'Union européenne, M.Djaâboub a confirmé que l'Algérie plaidera pour la révision de cet accord lors du 5e conseil d'association le 15 juin à Bruxelles. «Nous allons voir dans quelle mesure nous pouvons demander la révision des clauses (de l'Accord d'association avec l'UE, Ndrl) pour qu'elles soient plus équitables entre l'Algérie d'une part et les Etats membres de l'UE d'autre part», a déclaré M.Djaâboub aux journalistes. Le ministre a soulevé encore une fois les lacunes de cet accord. «Nous avons constaté des anomalies et des imperfections dans l'application de cet accord. Chaque secteur a donc présenté son rapport sur cette mise en oeuvre au ministre des Affaires étrangères qui portera ces documents à Bruxelles», a-t-il ajouté. L'Algérie compte renégocier avec l'UE certaines clauses de l'Accord d'association en vertu de la clause dite de «rendez-vous». Elle se plaint notamment des normes imposées par l'UE pour les exportateurs algériens, et de la faiblesse des investissements européens. Entré en vigueur le 1er septembre 2005, l'accord en question prévoit la mise en place d'une zone de libre-échange à l'horizon 2017.