Le Premier ministre turc affirme que sa visite «sera un début pour faire entrer les relations gréco-turques dans une meilleure phase». Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a entamé hier à Athènes une visite officielle à haute charge symbolique, avec l'intention de marquer sa solidarité avec le pays en crise et de raffermir le rapprochement entre les deux nations longtemps hostiles. Reçu par le chef de l'Etat, Carolos Papoulias, avant ses entretiens avec son homologue, Georges Papandréou, le Premier ministre turc affirme que sa visite «sera un début pour faire entrer les relations gréco-turques dans une meilleure phase». M.Erdogan, dont la dernière visite officielle à Athènes remonte à 2004, a relevé dans un bref échange avec son hôte, que durant son mandat, il avait effectué «six visites officielles ou officieuses» en Grèce. M.Papoulias a souhaité que sa visite de deux jours «ait de bons résultats» pour «renforcer le climat de coopération» bilatérale. Le dirigeant turc s'est rendu à pied au siège du gouvernement grec, distant de quelques dizaines de mètres, où il a été accueilli par M.Papandréou. L'arrivée de M.Erdogan, sécurisée par le déploiement de 1500 policiers à Athènes, a coïncidée avec un attentat à l'explosif, qui a fait un blessé léger, contre le palais de justice de Salonique, la deuxième ville du pays, dans le nord. Jeudi soir, une bombe avait visé la prison d'Athènes, un attentat imputé par la police à une riposte de la nébuleuse extrémiste grecque à l'arrestation de six extrémistes présumés début avril. Avant sa venue, M.Erdogan avait assuré de la «solidarité» de la Turquie envers la Grèce, confrontée à une grave crise financière alimentant la tension sociale. MM.Erdogan et Papandréou devaient ouvrir dans l'après-midi d'hier la première réunion d'un Conseil supérieur de coopération, rassemblant une dizaine de ministres de chacun des pays. Cette plateforme doit permettre le développement et le resserrement de la coopération entre les deux pays, membres de l'Otan mais rivaux régionaux de longue date, qui ont été pour la dernière fois au bord d'un conflit armé en 1996. M.Erdogan a dit vouloir également discuter de la coûteuse course aux armements dans laquelle les deux pays sont engagés depuis plusieurs décennies. Mais pour les Grecs une éventuelle réduction bilatérale des armements est conditionnée à l'établissement «d'un climat de confiance et de sincérité», a rappelé le ministre-adjoint grec à la Défense, Panos Béglitis. M.Erdogan a estimé de son côté que les deux pays devaient «s'entraider», car leurs deux économies «sont complémentaires». En invitant dès janvier, trois mois après son arrivée au pouvoir, son homologue turc, M.Papandréou avait affirmé sa volonté de relancer le rapprochement en panne depuis des années. Pour le ministre-adjoint grec aux Affaires étrangères, Dimitris Droutsas, la visite de M.Erdogan, à la tête d'une délégation de 320 personnes, marque «le début d'un nouvel effort» pour une coopération plus étroite. M.Papandréou fut au début des années 2000 l'artisan de la normalisation gréco-turque, en tandem avec son homologue de l'époque, le chef de la diplomatie turque, Ismaïl Cem. Mais les sujets de discorde restent nombreux, qu'ils concernent Chypre ou les problèmes de délimitation des espaces aérien et maritime en mer Egée et du plateau continental des nombreuses îles de la région. L'afflux de migrants clandestins sur les côtes grecques fait également partie du contentieux et Athènes accuse Ankara de fermer les yeux sur ce trafic au départ de ses côtes.