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«Ecrire en tamazight est un acte de résistance»
BOUALEM RABIA, AUTEUR DU ROMAN NNIG USSENAN
Publié dans L'Expression le 16 - 05 - 2010

Boualem Rabia qui vit et enseigne à Azazga est un écrivain talentueux. Outre ses traductions et ses analyses sur la poésie kabyle ancienne, dont certaines ont été éditées dans son livre Florilège de la poésie kabyle, Boualem Rabia est l'auteur d'un roman en tamazight intitulé Nnig Usennan, paru en 2009 aux éditions l'Odyssée.
L'Expression: Votre dernier livre est un roman en tamazight. Vous auriez pu l'écrire en français, mais vous avez opté pour tamazight malgré une absence de lectorat. Est-ce par engagement ou y a-t-il d'autres considérations et lesquelles?
Boualem Rabia: En dépit d'un flagrant manque de lectorat, j'ai opté pour ma langue maternelle: le tamazight. Et ce, par amour et par engagement. Certes, j'aurais pu écrire mon dernier livre (un roman) en français; mais c'est plutôt ma propre langue qui a besoin de moi, de nous tous qui pouvons écrire. Ecrire en tamazight est un acte de résistance et de conviction dont notre culture a plus que jamais besoin pour une production littéraire digne de ce nom.
D'abord, installer une tradition scripturale qui comblerait le vide laissé par la transmission orale de nos valeurs culturelles, une transmission qui ne se fait plus de nos jours. D'où cette initiative par laquelle je tente de contribuer à mettre à la portée des générations montantes une richesse linguistique qui eut pu souffler sa chandelle sans l'amour et l'abnégation d'hommes et de femmes imbus de ce patrimoine, de cette identité culturelle. Aussi, faut-il dire que ces hommes et ces femmes ne seront pas éternellement de ce monde. Il faut que le flambeau passe d'une génération à une autre! La transmission orale n'étant plus de mise, nous réclamons une sincère attention de l'Etat quant à la promotion de notre langue authentiquement algérienne par l'école et les médias.
Une prise en charge totale et efficace, et non pas la folklorisation de notre culture multimillénaire. Les efforts individuels restent quasiment vains: il faut un engagement sincère, une conviction des instances officielles concernées.
Notre ferme conviction est que (jusqu'à preuve du contraire) la culture et la langue amazighes, malgré leur statut dit «national» ne bénéficient presque d'aucun moyen de promotion réelle: à bien méditer la chose, il y a de quoi être persuadé qu'il y a un insidieux grain de sable dans ce qui eut pu et dû être les rouages de ce développement tant attendu depuis le Printemps berbère de 1980.
Pourquoi, selon vous, il n'y a pas beaucoup de romans en tamazight alors que les recueils de poésie foisonnent relativement?
Toute fatuité mise à part, je me permets de dire que l'écriture d'un roman a ses exigences irréfragables. A commencer par la maîtrise de la langue par laquelle l'on veut travailler.
Et il faut dire que si les recueils de poésie «pullulent», c'est parce que beaucoup de gens croient que rimailler, c'est faire de la poésie...Et vogue la galère! Et le recueil est vite pondu...
Vous avez aussi réalisé un travail de traduction des poèmes anciens. Pourquoi traduit-on plus de tamazight vers le français au lieu de l'inverse, notamment en traduisant les chefs-d'oeuvre universels?
Traduire du tamazight vers le français n'est pas non plus chose aisée. Cela exige la maîtrise des deux langues. Si l'on traduit le plus souvent du tamazight vers le français, c'est parce qu' on est mû par le désir de montrer la richesse d'une littérature orale de portée universelle, et que tout ce qui est oral n'est point vain et sans avenir. Toutefois, revient le problème du lectorat kabyle qui n'est pas assidu, car lire leur avait été inculqué à l'école en arabe ou en français.
Par voie de conséquence, nous devons tous (c'est un acte militant) apprendre à nos enfants à lire dans leur langue maternelle.
Traduire en tamazight les chefs-d'oeuvre universels serait l'idéal!
Notre culture a besoin des autres cultures pour s'enrichir. Tout comme l'homme, une culture qui n'avance pas, recule automatiquement. Mais aussi, comme disait Mammeri: «Une culture manipulée est une culture morte.»
Parlez-nous de l'écho recueilli par la publication de votre roman Nnig usennan...
Sincèrement, je ne sais quoi dire à ce sujet. Nnig Usennan est un roman que j'ai écrit et que j'ai perdu de vue. Des gens m'ont abordé pour m'en parler, surtout des amis, des collègues, d'anciens élèves...Je n'ai été voir aucun libraire à ce sujet.
Quelles sont les propositions que pourrait formuler l'auteur et le militant de la cause berbère que vous êtes, pour permettre une meilleure promotion du livre écrit en tamazight?
Afin que cette promotion puisse se faire, il est inéluctable, voire vital que nous nous y investissions nous-mêmes de tout coeur, en tant qu' hommes et femmes de lettres, que nous nous sentions tous interpellés par cette tâche ardue mais combien noble, qui consiste en la floraison d'une langue et d'une culture, que nous transmettions cet amour de son identité à sa propre progéniture. Ainsi, pourrions-nous assurer un futur lectorat en tamazight, donc la pérennité d'une identité culturelle que d'aucuns travaillent insidieusement à dévitaliser.
Que l'on mette sur pied des cercles de lecture, dans les maisons de jeunes et les maisons de la culture, en guise d'exemple. Et les associations culturelles? Quel rôle inestimable elles pourraient jouer dans cette promotion! Au lieu de limiter leurs actions à organiser des galas pour fêter ceci ou cela... N'était-ce pas ces mêmes associations culturelles qui avaient commencé à initier l'enseignement du tamazight? Et l'Etat, toujours l'Etat, après notre abnégation, notre conviction à jouer un rôle positif dans cette promotion...
L'Etat lui seul peut réellement répondre aux besoins de ce développement, de cet essor culturel, s'il ne veut le dévoyer de sa vocation première: l'éclosion culturelle des esprits, l'épanouissement d'une identité, d'un peuple...Et que le tout soit supervisé par des compétences en la matière, suivi par le regard critique de gens convaincus. Nous connaissons des gens pleinement qualifiés pour cela. Mais ce ne sont jamais eux que l'on trouve là où on les cherche. Postulons pour une culture vraie, ne commettons nulle impertinence à encourager la médiocrité.


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