Très grand favori de ce scrutin, M.Kagame s'attend à une réélection avec «une immense majorité» des voix. Le Rwanda a été le théâtre en trois mois d'une série d'attentats à la grenades, dont le dernier samedi soir a fait un mort et 28 blessés, le jour où le président Paul Kagame devenait officiellement candidat à sa succession pour le scrutin du 9 août. Depuis le 19 février, trois séries d'attaques à Kigali, une des capitales les plus sûres d'Afrique, ont fait au total trois morts et une cinquantaine de blessés, et aucune n'a été revendiquée. Comme les deux précédentes attaques, celles de samedi ont visé des quartiers très fréquentés de la capitale rwandaise - où la police est déployée en force -, en début de soirée et en fin de semaine, à une heure de grande affluence. «Vers 19h00 (samedi) une grenade a explosé dans le quartier commercial où 24 personnes ont été blessées et une autre décédée», a indiqué hier le porte-parole de la police rwandaise, Eric Kayiranga, sur les ondes de la radio publique Radio Rwanda. «A Nyabugogo (quartier proche de la gare routière), une autre grenade a explosé et 4 personnes ont été blessées», a ajouté le porte-parole. Le quartier de Nyabugogo avait déjà été une des cibles de la première série d'attaques, qui avait fait un mort et plusieurs blessés le 19 février. Une autre attaque le 4 mars, selon le même mode opératoire, avait fait 16 blessés. «Tout le monde était occupé à vendre ou acheter quand nous avons soudain entendu une explosion. Avec les récentes explosions encore dans toutes les mémoires, tout le monde a immédiatement détalé», selon le témoignage d'une commerçante ambulante installé dans le quartier commercial. Les nouvelles attaques sont survenues le jour même où le chef d'Etat rwandais Paul Kagame était choisi par son parti, l'ancienne guérilla du Front patriotique rwandais (FPR), pour être candidat à sa propre succession. Très grand favori de ce scrutin, M.Kagame, 52 ans, élu une première fois en 2003, a lui-même indiqué la semaine dernière n'avoir «aucun doute» sur le fait qu'il obtiendrait «une immense majorité» des voix. Mais la pré-campagne est marquée par une certaine tension, due aux attentats à la grenade et à la polémique autour des poursuites policières et judiciaires à l'encontre d'une responsable de l'opposition issue de l'ethnie hutu, Victoire Ingabire, qui souhaite se présenter à la présidentielle sans avoir encore pu faire enregistrer sa candidature. Le Rwanda se relève d'un génocide perpétré d'avril à juillet 1994 par des extrémistes hutus alors au pouvoir contre la minorité tutsi du pays, qui a fait au moins 800.000 morts selon l'Onu. Le génocide avait été arrêté par l'arrivée au pouvoir par les armes du FPR, à majorité tutsi. Après le premier attentat à la grenade, la police avait procédé à trois arrestations en accusant les «Interahamwe», milice extrémiste hutu, dont les membres ont été au premier rang des génocidaires. Le gouvernement rwandais avait ensuite accusé deux anciens officiers de haut rang et ex personnalités clé du FPR, aujourd'hui réfugiés en Afrique du Sud, le général Faustin Kayumba Nyamwasa et le colonel Patrick Karegeya, d'être responsables de ces «actes de déstabilisation». Les autorités rwandaises ont enfin annoncé début mars l'arrestation au Burundi d'un opposant rwandais, Déo Mushayidi, lui aussi ancien cadre tutsi du FPR, et accusé par Kigali de faire également partie des commanditaires des attaques. «La police poursuit son travail et rassure la population: les fauteurs de trouble seront démasqués et arrêtés», a assuré hier le porte-parole de la police, M.Kayiranga.