Depuis l'ouverture de la campagne le 20 juillet, tous prônent la transformation économique et l'unité de ce pays encore traumatisé par le génocide de 1994. Développement économique et unité du pays: les programmes des quatre candidats à la présidentielle du 9 août au Rwanda sont quasi identiques, l'opposition dénonçant un simulacre de multipartisme destiné à conforter la légitimité du président sortant et grand favori Paul Kagame. Le «chairman» du Front patriotique rwandais (FPR), qui préside aux destinées de ce petit pays d'Afrique centrale depuis qu'il a mis un terme au génocide des Tutsi en juillet 1994, fait face à trois candidats qui l'avaient soutenu lors de son élection en 2003. Depuis l'ouverture de la campagne le 20 juillet, tous prônent la transformation économique et l'unité de ce pays encore traumatisé par le génocide de 1994, au point que les leaders des partis d'opposition qui n'ont pas été autorisés à se présenter considèrent les trois adversaires de M.Kagame comme des candidats fantoches. Dans ses déplacements quotidiens, qui coûteront à son parti environ deux millions de dollars, l'ancien chef rebelle martèle son programme devant des dizaines de milliers de partisans. Le président candidat promet un accès accru aux soins, à l'enseignement et à l'électricité, le renforcement de la lutte contre la corruption, la promotion de l'agro-industrie «pour que chaque rwandais ait de l'argent dans sa poche», la construction d'infrastructures. Il insiste également sur la consolidation du processus d'unité et de réconciliation de ces concitoyens, qu'il exhorte toujours à «la fierté d'être Rwandais». Le discours de campagne du vice-président de l'Assemblée Jean-Damascène Ntawukuriryayo, du Parti social démocrate (PSD) n'est guère différent, pas plus que celui de Prosper Higiro, candidat du Parti libéral (PL) et actuel vice-président du Sénat, ou encore celui de la sénatrice Alvera Mukabaramba, première femme à briguer la présidence du Rwanda, pour le compte du jeune Parti du progrès et de la concorde (PPC). «Leurs discours sont semblables avec seulement quelques petites différences», commentait récemment sur les ondes de Radio Rwanda, le professeur Pierre Rwanyindo Ruzirabwoba, enseignant à l'Université nationale du Rwanda (UNR). Cette même vision de l'avenir procède, selon lui, du fait que les quatre candidats et leurs partis «participent tous à la gouvernance de ce pays». Pour l'universitaire, Ntawukuriryayo, Higiro et Mukabaramba ne proposent que «le renforcement de politiques» déjà en place. Le PSD et le PL, créés en 1991, siègent au gouvernement et au Parlement depuis 16 ans, aux côtés du FPR. Le PPC les a rejoints à l'Assemblée quelques semaines après sa naissance en 2003 et avait, comme eux, soutenu la candidature de Paul Kagame élu en 2003 avec 95% des voix. Dans ces conditions, estime Victoire Ingabire, une virulente opposante sous contrôle judiciaire, le régime «fait semblant de consulter le peuple». «Son objectif ultime est de garder le pouvoir qu'il a acquis, maintenu et défendu par les armes. Cette parodie électorale n'est qu'un maquillage pour tromper l'opinion internationale. Notre réponse à cette mascarade électorale, c'est la résistance non-violente pour contester la légitimité des élections et de ses résultats», a-t-elle ajouté dans un communiqué. Mme Ingabire qui avait annoncé sa décision de se présenter sous les couleurs de son parti des Forces démocratiques unifiées (FDU), toujours non reconnu par les autorités, est notamment inculpée de négation du génocide et de complicité de terrorisme. D'autres opposants ont été emprisonnés à l'approche du scrutin, dont un transfuge du FPR, le jeune Tutsi Deo Mushayidi accusé d'avoir tenté de lever une rébellion contre le régime.