Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs affirme que le port du voile intégral est un comportement marginal. Le gouvernement français ne pouvait espérer mieux. Alors qu'il s'apprête à voter une loi pour l'interdiction du port du voile intégral (burqa), en dépit des protestations de l'opposition, des critiques des ONG de défense des droits de l'homme et de l'avis défavorable du Conseil d'Etat, le gouvernement français vient d'obtenir le quitus du ministre algérien des Affaires religieuses et des Wakfs. Un soutien de poids. Prenant part au 2e séminaire régional de la Grande mosquée de Lyon, Bouabdallah Ghlamallah a affirmé: «Je ne pense pas que l'interdiction du voile intégral soit une erreur.» Une position jugée presque partisane au projet, par les observateurs. En effet, interrogé par le journal français Le Progrès sur la question du voile intégral et du projet de loi inhérent, le ministre n'a pas hésité à qualifier le port du voile intégral de «comportement marginal qui n'a rien à voir avec une prescription religieuse» au même titre, a-t-il dit que «les gens se promenant nus». «Il s'agit pour moi d'un comportement marginal, qui n'a rien à voir avec une prescription religieuse, mais part d'une attitude individuelle extrême. Exactement comme quand des gens se promènent nus» a-t-il répliqué. Interrogé sur la légitimité d'un tel projet de loi, le ministre a indiqué: «Ce n'est pas une erreur» avant de nuancer ses propos en ajoutant «mais, même si je ne vis pas en France pour pouvoir me rendre compte de tout, je ne vois pas où est l'urgence». Ces déclarations de Ghlamallah interviennent après celles de Dalil Boubakeur, recteur de la Mosquée de Paris, qui a également apporté son soutien au projet de loi de Nicolas Sarkozy. Un projet qui concerne moins de 300 femmes en France, selon les chiffres avancés par la police française et qui a pour principal objectif de séduire l'électorat de droite, à moins de deux années de la prochaine présidentielle française, prévue en 2012. Pourtant, rien n'est encore gagné pour le chef de l'Etat français. Et pour cause, le Cconseil d'Etat a rendu au gouvernement un avis défavorable sur ce texte de sept articles. Les arguments du Conseil d'Etat sont clairs: «Il n'y a aucun fondement juridique incontestable à l'interdiction absolue et générale du port du voile intégral prévue par le projet de loi». De ce fait, ce projet serait exposé à de fortes incertitudes constitutionnelles. Un avis défavorable qui «n'est pas un surprise» pour le gouvernement qui a décidé de passer outre le fait que le Conseil d'Etat n'est qu'un organe consultatif. Malgré le risque d'une censure du Conseil constitutionnel, le projet de loi interdisant la burqa sera présenté mercredi en Conseil des ministres, Ensuite, il devrait être examiné début juillet par les députés puis par les sénateurs début septembre avant d'être définitivement adopté en automne. La décision finale reviendra au Conseil constitutionnel. Il faut noter à ce sujet, que certains députés envisagent déjà de modifier la Constitution et couper l'herbe sous les pieds de l'opposition dans le cas où elle songerait à saisir le Conseil pour contester cette loi.