Un kilogramme de drogue dure a été rejeté par les vagues sur les rivages de la plage de Sbiaï dans la commune de Bouzedjar. Les réseaux d'échange et de contrebande de la cocaïne sont désormais installés en côte méditerranéenne. C'est un fait indéniable. L'Algérie représente un marché porteur pour les narcotrafiquants à l'échelle nationale et internationale. Ce fait tend à se confirmer de plus en plus. En effet, après la quantité d'héroïne, dont un seul gramme coûte la bagatelle de 7000 dinars sur le marché local, et qui avait été, rappelons-le, saisie en mars dernier à Chéraga (Alger), et 3 individus (dont un mineur) arrêtés au niveau de la placette «Calma» de cette même localité, voilà qu'une autre drogue dure fait son apparition à l'ouest du pays. Selon le bilan de la lutte menée contre le trafic de stupéfiants par la Gendarmerie nationale, il est fait mention de la récupération, vendredi dernier, d'une plaque d'un poids d'un kilogramme de cette substance dangereuse rejetée par les vagues sur les rivages de la plage de Sbiaï (commune de Bouzedjar) dans la wilaya de Aïn Témouchent. Les analyses effectuées lundi par les laboratoires de recherche de la Gendarmerie nationale de Bouzedjar, qui procède à l'enquête, ont fait ressortir qu'il s'agissait de cocaïne. Cependant, le communiqué de la Gendarmerie nationale ne mentionne pas s'il s'agit d'une quantité isolée ou d'un trafic à grande échelle du fait que, selon la même source, l'enquête se poursuit. Néanmoins, il est à parier qu'il s'agirait de la seconde hypothèse, d'autant que, comme l'avait souligné récemment Abdelmalek Sayah, président de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Onldt): «nous avons aussi des informations sur la filière colombienne qui cherche à avoir un pied en Algérie pour la création d'un autre couloir d'acheminement de la drogue dure vers le continent européen». Or, les cartels colombiens, principaux producteurs de cocaïne dans le monde, trouvent beaucoup de difficultés à tromper les contrôles frontaliers des services de sécurité européens. «C'est pour cela qu'ils cherchent à s'introduire au Maghreb pour écouler leur drogue sur le Vieux Continent. Certains cartels colombiens cherchent même à faire transiter de la cocaïne par l'Algérie pour la livrer ensuite aux cartels européens», avait ajouté le premier responsable de l'Onldt. Ainsi, avec un prix oscillant entre 8000 et 12.000 dinars le gramme, ou 9 millions de dinars le kilogramme en moyenne, les narcotrafiquants voudraient transférer leurs activités criminelles de vente de cannabis, dont la demande mondiale a baissé conséquemment à la cocaïne, très demandée aujourd'hui, notamment dans les milieux les plus aisés, en Algérie et ailleurs, soulignait Abdelmalek Sayah. Ces narcotrafiquants ont tissé des complicités en Algérie où l'argent de la cocaïne est blanchi dans l'immobilier, quand il ne sert pas à l'achat d'armes aux terroristes qui se sont spécialisés ces derniers temps dans le rapt de touristes étrangers au niveau de la bande du Sahel. En effet, la région, notamment malienne, est devenue une plaque tournante du trafic de cocaïne, provenant en quantité industrielle du Venezuela et de la Colombie, par...avions, que les locaux appellent Aircocaïne. Ainsi, le terrorisme de l'Aqmi au Sahara et au Sahel et les cartels de la drogue latino-américains s'interconnectent. Cette interconnexion constitue la première cause d'insécurité transfrontalière au Maghreb. Al Qaîda au Maghreb islamique est même l'organisation la plus active dans le septentrion. L'Aqmi a trouvé dans l'immensité du désert sahélien, qui s'étend de l'Atlantique à la mer Rouge, un «refuge à la fois physique et financier». Après le cannabis et les quintaux saisis chaque mois depuis le début de cette année, c'est au tour de la cocaïne de menacer désormais, la société algérienne et sa population juvénile.