Quelque 1,5 million de tonnes d'hydrocarbures sont déversées accidentellement, chaque année, dans la Méditerranée. La catastrophe de pollution marine due à l'explosion d'une plate-forme pétrolière dans le golfe du Méxique a réveillé les pires angoisses dans le secteur des hydrocarbures de par le monde. A ce titre, un séminaire international autour du thème de la pollution marine par les hydrocarbures a été organisé hier à Alger par le ministère de l'Energie et des Mines et l'Association des producteurs de pétrole africains (Appa). L'occasion pour le ministre de tutelle concerné, Chakib Khelil, d'appeler les principaux acteurs du secteur à adhérer à la société Osprec (Oil Spill Response Company), une multinationale créée en 2007 et ayant pour mission de lutter contre la pollution pétrolière sous-marine. Cette dernière, qui compte actuellement plusieurs sociétés activant dans le domaine de l'industrie énergétique, telles que la Société nationale des hydrocarbures, Sonatrach, la compagnie angolaise Sonangol, le norvégien Statoil, le français Total, ou encore l'espagnol Repsol et l'italien ENI, gagnerait à s'enrichir de nouveaux adhérents et de leur expérience dans le domaine de la prévention et la gestion des risques de pollution marine par les hydrocarbures, selon le ministre. D'ailleurs, celui-ci a révélé que British Petroleum (BP) a sollicité Sonatrach pour la vente ou la location de ses équipements de lutte contre la pollution marine pour venir à bout de la catastrophe causée par l'accident de sa plate-forme pétrolière dans le golfe du Méxique. «Nous voulons développer l'Osprec, (...) augmenter les capacités financières et humaines pour prendre des dispositions rapides en cas de catastrophe telle que celle que nous observons actuellement dans le golfe du Méxique», a-t-il déclaré en marge de la cérémonie d'ouverture de ce séminaire qui se tiendra deux jours durant. Avant d'ajouter que «le risque d'accidents impliquant des pétroliers est élevé dans la rive Sud de la Méditerranée et le long des côtes de l'Afrique de l'Ouest (...) cette société est comme une compagnie d'assurance (...) elle sera équipée par les actionnaires pour être prête à intervenir en cas d'urgence». Cette participation est d'autant plus importante, puisque 30% du pétrole mondial, soit 4 millions de tonnes, transitent par la Méditerranée qui constitue 1% de la surface des mers du globe. Les chiffres sont encore plus alarmants, lorsqu'il s'agit de la pollution de la Méditerranée qui est estimée à 1,5 million de tonnes par an, selon les propos de Chakib Khelil qui a mis en garde contre le risque de pollution et de la dégradation de la Méditerranée, notamment en raison des quantités importantes d'hydrocarbures qui y sont déversées accidentellement chaque année. A cela s'ajoutent les opérations de dégazage et de déballastage des navires qui engendrent une pollution, dont l'impact est souvent sous-estimé, a-t-il averti. «Tous ces constats montrent que malgré les efforts déployés depuis une trentaine d'années, la Méditerranée continue à se dégrader sous l'effet de la pollution», a-t-il dit, rappelant dans ce sens les conséquences dramatiques des naufrages de l'Eréka et du Prestige sur les côtes de France et d'Espagne. C'est pour remédier à ce phénomène qui menace l'écosystème marin que la multinationale a été créée. Sur un autre registre, le ministre a écarté l'éventualité de la tenue d'une réunion extraordinaire de l'Opep avant le 15 octobre prochain (date de la réunion ministérielle ordinaire de l'organisation), prévoyant un rebondissement rapide des prix de brut à la faveur de l'application du plan de sauvetage financier européen. Attribuant la chute actuelle des prix du pétrole aux incertitudes sur les prévisions de croissance de l'Union européenne, en raison de la crise financière grecque, le ministre prévoit un revirement rapide de la situation à la faveur de l'application du dispositif d'aide européen de 750 milliards d'euros destinés à la zone euro. Ce qui permet au ministre d'affirmer que les prix du pétrole ne sont pas liés actuellement aux fondamentaux du marché (l'offre et la demande du brut), mais plutôt aux incertitudes entourant les prévisions de croissance de l'économie mondiale.