Le Président Abdelaziz Bouteflika a décidé d'appliquer l'article 77 de la Constitution, révisée le 15 novembre 2008. Ahmed Ouyahia ne sera pas seul à la barre. Il a le droit d'être assisté par deux ténors de la politique. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a décidé d'appliquer l'article 77 de la Constitution révisée le 15 novembre 2008 permettant la nomination d'un ou de plusieurs vice-Premiers ministres. Et Bouteflika est bien décidé à appliquer l'alinéa 7 du même article. Même les titulaires des deux fauteuils sont désignés. Il s'agirait de deux ministres actuels, très proches de Abdelaziz Bouteflika. Noureddine-Yazid Zerhouni et Abdelmalek Sellal ont toutes les chances de décrocher le poste. Leur mission est claire: ils sont appelés à assister le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, dans l'exercice de ses fonctions. Il est stipulé qu'«outre les pouvoirs que lui confèrent expressément d'autres dispositions de la Constitution, le président de la République jouit des pouvoirs et prérogatives» qui lui permettent de nommer des vice-Premiers ministres et de mettre fin à leurs fonctions. Le chef de l'Etat a ainsi décidé d'user de ce droit de nommer deux vice-Premiers ministres lors du prochain remaniement gouvernemental, qu'on annonce imminent. L'objectif de toutes ces démarchés consistant à désigner des assistants au Premier ministre et à remanier l'Exécutif vise à insuffler une plus grande efficacité aux actions de l'Etat. Qui regagnerait en crédibilité par la même occasion. Il est donc certain que cette initiative intervient dans le cadre d'un remaniement ministériel plus global attendu depuis plus d'un an, à savoir depuis la réélection du Président Bouteflika à un troisième mandat. Le remaniement a été annoncé à maintes reprises avant d'être reporté. Avec la nouveauté introduite par l'article 77, il s'agira d'abord de pourvoir à ces postes. En seconde position, il y a lieu de trouver de nouveaux titulaires des ministères des Ressources en eau et de l'Intérieur occupés respectivement par Sellal et Zerhouni. Mais la liste des postes à pourvoir serait beaucoup plus longue. Des ministres seraient sur le départ. Pas pour handicaper l'action du gouvernement. Les nouvelles figures seraient appelées à renforcer l'équipe aux affaires pour démarrer sous de meilleurs auspices le nouveau plan d'investissements publics de 286 milliards de dollars, annoncé depuis quelques jours. Deux vice-Premiers ministres ne seraient pas de trop, devant l'ampleur de la tâche. Il reste pourtant à savoir si les plus hautes fonctions de l'Etat seraient les seules à être touchées par les changements pour mener à bien ce plan ou si les fonctions d'exécution seraient tout aussi bien concernées. L'initiative de Bouteflika ne vise pas à dupliquer inutilement des postes de souveraineté. Il s'agirait plutôt d'une redistribution des tâches pour alléger le fardeau qui pèse sur le Premier ministre. Les deux titulaires des nouveaux postes seront tout, sauf des ministres sans portefeuille. Leur implication dans la conduite de la politique du gouvernement sera forte. Ils laisseront leur empreinte dans les actions entreprises en Algérie durant les quatre années qui ne sont pas encore consommées par l'actuel quinquennat. La personnalité des deux figures politiques choisies par le chef de l'Etat est déjà en soi un signe fort et assez explicite sur ce qui est attendu par lui. Le moins que l'on puisse dire est qu'ils ne seront pas là uniquement pour des questions de protocole. L'un d'entre eux jouit d'une telle confiance du Président qu'il a été choisi pour être à ses côtés lors de la dernière campagne électorale comme lors d'autres rendez-vous électoraux antérieurs. Il était même donné Premier ministre. Le second occupe une lourde fonction, celle d'être responsable de la sécurité de plusieurs millions d'Algériens. Et de superviser les élections, ce qui le destine à suivre en fin connaisseur la vie politique.