La révision constitutionnelle reste, pour l'Algérie, l'événement politique majeur de l'année 2008 ; il est également la base de la définition d'une manière ou d'une autre, du paysage politique de 2009, notamment l'enjeu de l'élection présidentielle prévue pour le mois d'avril de l'année prochaine. Cependant, Bouteflika n'a toujours pas évoqué sa possible candidature à cette élection, malgré les appels multiples de la part des partis de l'Alliance présidentielle et quelques associations de la société civile. C'est le 29 octobre 2008 que le président Bouteflika a mis fin au suspense relatif à la révision de texte fondamental de la République en annonçant le contenu de cette révision devant les magistrats à l'occasion de l'ouverture de l'année judicaire 2008 -2009. Un suspense qui a duré deux ans, puisque la première annonce officielle s'est faite le 4 juillet 2006 devant les cadres du MDN, à l'occasion de la célébration de la fête de l'Indépendance et de la Jeunesse. A partir de cet amendement, le président de la République peut se présenter comme candidat lors des prochaines échéances, maintenant que la limitation du nombre de mandats présidentiels stipulé par l'article 74 de la Constitution qui limite à deux le nombre de mandats successifs a été supprimé . A noter que la révision de la constitution est passée par le vote parlementaire et non par un référendum en attendant une nouvelle révision plus profonde qui sera soumise au vote du peuple après la présidentielle. C'est la deuxième fois depuis son arrivée au pouvoir que le président Bouteflika convoque le Parlement pour une révision constitutionnelle. En avril 2002, la loi fondamentale avait été amendée, consacrant le tamazight comme langue nationale. Il y a lieu de souligner que le souhait d'une révision de la Constitution a été exprimé par le chef de l'Etat après son élection à la présidence de la République en 1999. A souligner que le président réélu en 2004. La suppression de la limitation du nombre de mandats présidentiels consacre, selon ladite révision, pleinement le droit souverain du peuple de choisir librement ses dirigeants. Elle "vise également à réorganiser, préciser et clarifier les rapports entre les constituants du pouvoir exécutif sans pour autant toucher aux équilibres fondamentaux des pouvoirs et des institutions". D'autre part, la révision du texte fondamental de la République protège les symboles de la Révolution de novembre 1954 et consacre une présence pour les femmes dans les institutions élues. En outre, ladite révision réorganise l'exécutif, et à cet effet, le poste de chef du gouvernement a été supprimé et remplacé par un poste de Premier ministre occupé par Ahmed Ouyahia, puisque avant l'annonce de la révision de la Constitution, le président Bouteflika avait procédé à un remaniement du gouvernement en remplaçant Abdelaziz Blekhadem par Ahmed Ouyahia. Un plan d'action du gouvernement optimiste C'est ainsi que le Premier ministre est chargé d'appliquer le programme du chef de l'Etat ; d'ailleurs, un plan d'action a été présenté et adopté après débat par le Parlement. Un plan d'action qui s'engage à achever les différents projets inscris dans le programme quinquennal lancé en 2005 et les différents engagements relatifs au processus de prise en charge des victimes de la tragédie nationale, préparer l'élection présidentielle de 2009 et un nouveau programme de développement d'une valeur de 100 à 150 milliards de dollars. Le plan d'action du gouvernement adopté récemment par les deux chambres du parlement comporte 35 pages et il est subdivisé en 4 grands chapitres. Il s'agit de renforcer l'Etat de droit et l'amélioration de la gouvernance, la poursuite du développement économique et la promotion de l'emploi, la poursuite du développement humain et enfin la mise en œuvre de la politique extérieure et le développement de la coopération internationale. Le volet politique n'a pas été exclu de ce plan, puisque le gouvernement s'engage, à partir du mois prochain, à préparer la prochaine élection présidentielle dans le "respect de la démocratie pluraliste et dans les conditions de transparence à même de garantir le respect du libre choix du peuple souverain". Un autre engagement affiché par le gouvernement Ouyahia, il s'agit de poursuivre la mise en œuvre fidèle de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Surtout que le chef de l'Etat a soulevé le problème du blocage de certains dossiers. A ce titre, Ouyahia a affirmé que tous les dossiers des bénéficiaires de la charte ont "été déposés dans les délais impartis" alors que "certaines situations sont pendantes et devront connaître leur issue". Il avancera même un pourcentage de 70% des dossiers pris en charge. A rappeler, dans ce cadre, que le président de la République avait instruit le gouvernement de préparer un nouveau programme quinquennal bien avant l'annonce de la révision constitutionnelle ; ce qui laisse comprendre que le chef de l'Etat souhaite continuer le processus de réforme qu'il a engagé depuis 1999. Face à la crise financière, le gouvernement compte rationaliser les dépenses et lutter contre le gaspillage tout en affichant un optimisme sur l'avenir de l'Algérie. Ouyahia a rassuré que l'Algérie a les moyens de traverser la crise financière internationale sans grands dommages, en maintenant le rythme de son développement ainsi que l'intensité de sa politique sociale et pourra tenir encore 5 ans même avec 20 dollars le baril de pétrole et 19 milliards de dollars comme réserves de change. Selon le Premier ministre, l'enjeu n'est pas dans la chute du prix du pétrole mais dans la baisse de cette ressource, et dans ce cadre, il a averti que la production nationale en hydrocarbures va connaître une baisse considérable dès 2030. En tout cas, le Premier ministre appelle à l'adoption de l'austérité dans les dépenses publiques et à la lutte contre le gaspillage, tout en tenant à la politique sociale à travers les transferts sociaux, sans aller jusqu'à remettre en cause l'option de l'économie de marché. En attendant, le gouvernement compte poursuivre la réalisation du programme quinquennal en cours sans risque et promet un nouveau plan de relance à partir de 2009, juste après la "réélection" du président sortant. Cependant, concernant les effets de la crise économique mondiale, notamment après la chute du prix du baril de pétrole avec son effet direct sur les réserves de changes, le président Bouteflika, lors de sa visite à Ghardaïa dira que "c'est le temps des vaches maigres" , une situation qui rendra les choses plus difficiles pour le Président qui sera élu au prochain scrutin et faire face au défi de l'après-pétrole.