30.000 anciens combattants indigènes sont concernés par de nouvelles dispositions reconnaissant leurs droits. Bonne nouvelle pour les familles des anciens combattants algériens dans les rangs de l'armée française. Leurs retraites seront alignées sur celles de leurs homologues français. «Nous considérons que quelque 30.000 personnes pourraient être concernées», a révélé, vendredi, une source proche de l'entourage de Hubert Falco, le secrétaire d'Etat aux Anciens combattants. Ce dernier s'était engagé à rédiger de nouvelles dispositions législatives. Cet engagement fait suite à une décision du Conseil constitutionnel français, rendue le même jour. Les neuf membres de ce conseil ont estimé constitutionnel et non contraire au principe d'égalité que les pensions soient différentes, selon que l'ancien combattant réside en France ou à l'étranger. Cela dit, ils ont estimé que dans un même pays de résidence, il ne devrait pas y avoir de différence de traitement. En conséquence, le tribunal a jugé anticonstitutionnelle une différence du montant des pensions basée sur la nationalité. Pour ce faire, le Conseil constitutionnel a censuré trois articles issus de trois lois différentes. Lesquelles lois remontent, respectivement, à 1981, 2002 et 2006. Aussi, il a fixé au 1er janvier 2011 la date d'abrogation de ces articles. Ainsi, le législateur français aura la latitude de prendre de nouvelles dispositions et d'en étendre le bénéfice à tous ceux dont le recours est en cours. Une chose est sûre: l'alignement des retraites des anciens combattants issus des troupes coloniales françaises et résidant à l'étranger sur celles de leurs homologues français sera prochainement une réalité. «Cette décision met un terme à une injustice scandaleuse, un traitement discriminatoire dénoncé depuis plusieurs décennies», a affirmé Alima Boumedien-Thiery, la sénatrice du parti des Verts. Cette injustice historique dure depuis 65 ans, pour les uns et...près d'un siècle pour les autres. La fine fleur de la jeunesse algérienne avait été mobilisée dans l'armée coloniale durant les deux guerres mondiales. En 1945, les Algériens croyaient percevoir l'aube de leur libération à la faveur de la victoire des alliés sur l'Allemagne, l'Italie et le Japon. Ils croyaient surtout que les autorités coloniales allaient tenir leur promesse d'accorder l'indépendance à l'Algérie. Au lieu de cela, pas moins de 45.000 Algériennes et Algériens furent froidement massacrés. Ces événements ont sonné les clairons de l'action armée. Neuf ans après, la Révolution algérienne fut déclenchée. Cette lutte obligea la France à reconnaître l'indépendance de l'Algérie en 1962. Depuis, les relations entre les deux Etats souverains ont connu des hauts et des bas. Le passé colonial pèse toujours. Pour rappel, en novembre 2006, le Parlement français avait entériné la revalorisation des pensions des anciens combattants des ex-colonies. Ce dossier fut débloqué par Jacques Chirac à la sortie du film Indigènes. Les députés avaient alors adopté à l'unanimité, dans le cadre du budget 2007 des Anciens combattants, un amendement du gouvernement en ce sens. A l'époque, 84.000 anciens combattants de 23 nationalités devaient en bénéficier, s'ils en faisaient la demande. Parmi eux 57.000 au titre des retraites du combattant et 27.000 à celui des pensions d'invalidité.