Il y a quelque 400 à 500 entreprises algériennes qui ont une vocation à l'exportation, alors que le nombre d'importateurs avoisine les 50.000 dont un grand nombre sont concernés par les mesures d'assainissement instaurées par la LFC 2009. Les principaux créneaux à l'exportation sont constitués par la filière sidérurgie et la filière parachimique; 71% des exportations hors hydrocarbures sont des dérivés du pétrole. Viennent ensuite les produits agricoles et de la pêche. La filière parachimie représente 535 millions de dollars alors que la filière sidérurgie représente 286 millions de dollars. Reste 100 millions de dollars d'exportation de dattes fraîches, de légumes, d'eaux minérales et gazeuses, de tapis en textile. Le montant des exportations hors hydrocarbures pour 2009 a atteint quelque 910 millions de dollars, alors qu'il fait rappeler qu'en 1995, un rapport de la Banque d'Algérie avait prévu que le montant des exportations HH atteindrait deux (2) milliards de dollars, en 2000. Au regard de la nécessité pour l'Algérie de préparer d'ores et déjà l'après-pétrole, ces chiffres augurent mal de la capacité de notre pays à s'insérer dans le commerce international par la valorisation des exportations. Aussi bien, est-il nécessaire que nos chefs d'entreprise, nos ingénieurs et nos managers investissent d'autres créneaux à haute valeur ajoutée pour l'exportation. Il existe, aujourd'hui, un certain nombre de secteurs émergents, tels que: - Services d'études et de conseils à l'international; - Services informatiques; - Services de télécommunications; - Produits d'artisanat; - Sous-traitance en matière d'édition - Production pharmaceutique de génériques. Seule la puissance publique peut aider à la valorisation et au développement de ces filières. En effet, l'Etat algérien doit remplir ses missions fondamentales, à savoir la politique macroéconomique qui porte sur la régulation des grands agrégats et une politique de compétitivité qui vise à créer un environnement favorable et à mener des actions ciblées en direction des entreprises innovantes et des start-up. Les encouragements de l'Etat On ne peut nier que l'Etat algérien entend s'impliquer de plus en plus dans la promotion des exportations hors hydrocarbures. Parmi les mesures adoptées, on citera les exonérations fiscales (TAP, TVA, IBS), les facilitations douanières et portuaires, l'assistance au contrôle sanitaire et phytosanitaire des produits destinés à l'exportation. Quant au dispositif institutionnel, il y a le Fonds spécial pour la promotion des exportations (Fspe) créé en 1996 qui fournit un appui financier aux exportations et les assure pour placer leurs produits sur les marchés extérieurs; il y a la Cagex créée en 1996 pour prendre en charge les risques commerciaux et politiques liés à l'exportation, l'Agence nationale de promotion du commerce extérieur (Algex) créée en 2004 et aussi le Conseil national consultatif du commerce extérieur créé en 2004, dont la mission est de définir une stratégie de développement des exportations et de procéder à une évaluation des actions menées en vue de promouvoir davantage des exportations hors hydrocarbures. Le programme Optimexport Il s'agit d'un projet originellement, d'une durée de deux ans (2007-2009), qui a pour objectif d'identifier et de sélectionner un groupe pilote d'une quarantaine d'entreprises algériennes ayant un potentiel d'exportation pour leurs produits/ou leurs services. Il met surtout l'accent sur la formation des chefs d'entreprise et de leurs collaborateurs aux techniques du commerce international. En effet, pour que les entreprises algériennes parviennent à s'internationaliser, il leur faudra d'abord sélectionner les marchés qui leur semblent prioritaires. Pour cela, il va leur falloir s'assurer de l'accessibilité des marchés, de leur potentialité et enfin de leur sécurité. L'accessibilité du marché se décline à partir des cinq éléments suivants: 1.La distance, le climat, les infrastructures de stockage et les infrastructures de transport; 2.Les facteurs économiques et politiques; 3.Les obstacles tarifaires (droits de douane + fiscalité); 4. Les obstacles non tarifaires (contingentements, réglementations, etc.); 5.Les facteurs socioculturels (historiques, linguistiques, etc.). La potentialité du marché se mesure à travers les données économiques de base du pays vers lequel on exporte (PNB, dette publique, balance commerciale) et la dimension du marché (consommation apparente, marché potentiel). Enfin, la sécurité du marché est appréciée au regard des risques inhérents à la situation économique, politique et sociale du pays (ce qu'on appelle la notion de risque-pays) et celle des investissements. D'une façon générale, la notion de risque pays s'effectue par l'analyse de la situation financière interne et externe, la stabilité gouvernementale et la situation sociale. Il est clair, aujourd'hui par exemple, que les exportations algériennes vers la Grèce devront tenir compte d'une analyse circonstanciée du risque-pays. Ceci dit, l'utilité du programme Optimexport n'est pas niable dans la mesure où il fournit aux PME/PMI algériennes des informations très précieuses sur les marchés les plus porteurs et les pays où les produits algériens ont le plus de chances d'être écoulés. Ce qui est fortement souhaitable, comme l'indiquait le DG d'Algex, Mohammed Bennini, c'est que le Fonds spécial pour la promotion des exportations (Fspe) puisse voir son organisation et son activité décentralisées, de sorte à pouvoir accompagner les entreprises algériennes en mettant à leur disposition une matrice de sélection des marchés extérieurs, qui leur permettra de définir leur stratégie de développement à l'international sur la base de critères pertinents. Enfin, il ne faut jamais perdre de vue que même dans un contexte de mondialisation, il y a souvent conjonction de trois facteurs susceptibles d'entraver le développement de nos entreprises vers l'international: l'évolution très rapide des données par rapport à notre réactivité encore insuffisante, la fiabilité relative des informations et surtout, dans un contexte de concurrence exacerbée, voire de retour chez certains Etats, de réflexes protectionnistes, la non-disponibilité des informations les plus importantes par rapport aux projets de l'entreprise algérienne. C'est la raison pour laquelle l'Etat doit impérativement mobiliser toutes ses ressources pour accompagner les quelque 950 entreprises algériennes à vocation exportatrice (selon le chiffre donné par M. Bennini). (*) Professeur en droit des affaires [email protected]