Si la loi de finances complémentaire (LFC) 2009 a eu pour impact de réduire le trop-plein d'importations, elle a eu malheureusement, par ailleurs, selon des exportateurs algériens de boissons, celui de freiner le peu d'efforts aboutis en matière d'export. C'est la constatation faite hier, lors d'un séminaire consacré au développement à l'international de la filière boissons gazeuses et jus de fruits, par des producteurs qui se plaignent des lenteurs occasionnées par les nouvelles procédures, notamment la lettre de crédit documentaire, dans les démarches d'exportation. Lors de la rencontre organisée par Algex et Optimexport, le vice-président de l'Association nationale des exportateurs (Anexal), Ali Bey Nasri, a notamment estimé que « la LFC a annulé la réactivité de l'exportateur algérien ». « Ce qui était possible avant ne l'est plus maintenant », a déclaré M. Nasri, qui souligne que les commandes venant de clients étrangers ne peuvent être honorées dans les délais et aux conditions contractuelles si le producteur n'a pas suffisamment de stocks de matières premières pour fabriquer son produit. En termes de chiffres, les exportations de la filière boissons ont connu une progression entre 2000 et 2008, avant de connaître une baisse en 2009. Ainsi, elles ont atteint 29,2 millions de dollars en 2008 avant de baisser quelque peu en 2009 avec un montant de 22,7 millions de dollars. Une régression qui est due, selon les principaux concernés au sein de la filière, aux décisions encadrant le commerce extérieur dans la LFC 2009. Il est à noter cependant, selon un intervenant, que sur les 22 millions de dollars exportés en 2009, plus de 80% sont le fait de Coca-Cola Algérie. Une précision qui renseigne sur les efforts qui restent à accomplir pour se frayer un chemin vers les marchés extérieurs. Actuellement, seuls une dizaine de producteurs tentent l'aventure, estime Karim Boudraâ, spécialiste en marketing et management, qui présentait hier une communication sur « L'industrie des boissons et jus de fruits » en Algérie. Les tentatives d'export sont freinées aussi, selon M. Nasri, représentant d'Anexal, par la lourdeur des frais de fret et leur impact sur le prix final des produits à l'export. Il donne pour exemple le fait qu'une exportation vers le Cameroun coûte 2700 dollars entre Alger et Douala, alors que les frais de fret du Caire vers Douala ne s'élèvent qu'à 1450 dollars. Une situation qui favorise, dans ce cas de figure, le produit égyptien au détriment du produit algérien, estime M. Nasri. Lors de la journée d'hier, une petite polémique est née entre certains intervenants autour des chiffres réels de la production de boissons et jus de fruits et le nombre d'entreprises activant dans le secteur. Si une grande partie des entreprises sont regroupées sous la bannière de l'Association des producteurs algériens de boissons (APAB), il en existe apparemment de nombreuses autres qui font partie de ce qu'on appelle « l'économie non observée ». Des petites unités qui ne sont pas forcément dans l'informel, mais qui ne sont pas recensées pour une raison ou une autre dans le groupe de celles qui activent dans la filière. Si certains producteurs minimisent leur nombre et leurs parts de marché, d'autres acteurs de la filière ont un autre avis. Ainsi, un producteur d'arômes a souligné hier qu'étant donné les quantités de produit qu'il vend à certains jeunes producteurs de boissons activant dans de petites unités – tout à fait légales et répondant aux normes d'hygiène –, le nombre d'entreprises non comprises dans les statistiques est assez important et dépasse de loin les unités regroupées sous la bannière de l'APAB.