Peu de temps sera consacré à l'examen des relations bilatérales entre l'Algérie et la France. La participation du Président Bouteflika au 25e sommet Afrique-France contribuera à améliorer les relations de l'Algérie avec la France et à consolider les rapports entre les pays africains et l'Hexagone. C'est ce qu'a affirmé le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, dans une déclaration faite à la presse le week-end dernier. Le chef de la diplomatie algérienne explique que les relations algéro-françaises, marquées par l'absence de rencontres à un haut niveau depuis des mois, doivent être appréciées globalement et non pas seulement à l'aune d'un certain nombre de questions qui reviennent souvent, «certes importantes». Dans un communiqué publié le 28 mai dernier, l'Elysée a précisé qu'aucun entretien bilatéral entre Bouteflika et Sarkozy n'est prévu à ce stade, «mais ils se verront et se parleront». Même si aucun tête-à-tête n'est prévu entre les deux chefs d'Etat, il n'en demeure pas moins que ce sommet aura le mérite de mettre tous les dossiers sur la table. Les pourparlers seront axés sur les problèmes de l'Afrique et le rôle de la France dans le développement de ce continent. Les deux présidents sont attendus par des dossiers qui fâchent. Il y a l'incarcération du diplomate algérien, Mohamed Ziane Hasseni, aujourd'hui témoin assisté dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat de l'opposant Ali Mecili en 1987 à Paris. L'assassinat des sept moines de Tibhirine en 1996 en Algérie est le second dossier épineux. Le classement de l'Algérie sur la liste des pays présentant un risque terroriste représente la troisième raison du froid qu'entretiennent les deux pays. Il y a aussi la révision des accords de 1968. Le projet de loi criminalisant le colonialisme a été une nouvelle source de crispation des relations entre l'Algérie et la France. Ce n'est pas tout. Le film Hors-la-loi de Rachid Bouchareb, présenté récemment au Festival de Cannes, a suscité une vive polémique sur le passé colonial et la question de repentance. Il faut reconnaître que les relations ont traversé une zone de turbulences qui a duré plus de deux ans. La déclaration du patron du Quai d'Orsay sur la génération de la Révolution a jeté de l'huile sur le feu. L'Elysée a initié des contacts en dépêchant deux émissaires en février à Alger. Claude Guéant, le conseiller de Sarkozy, n'a pas réussi à aplanir les différends. Alger a même refusé tout déplacement des ministres français en Algérie. «Plusieurs ministres veulent se rendre en Algérie, mais nous n'avons pas obtenu l'accord du gouvernement», a confié une source diplomatique à Alger. Paris qui guettait avec impatience la participation de l'Algérie au sommet de Nice a eu néanmoins gain de cause. Ce qui est sûr est que l'Elysée a dû donner des gages pour garantir la participation du Président Bouteflika à ce sommet. Depuis le 13 juin 2008, où il a assisté au sommet de l'Union pour la Méditerranée, le président ne s'est pas rendu en visite officielle en France. Pourtant, l'Elysée a relancé à maintes reprises son invitation. Nicolas Sarkozy était à Alger en 2007. Les deux parties doivent faire preuve de bonne volonté pour baliser le terrain à une visite de Bouteflika qui fermera la page du passé et signera l'acte de réconciliation pour consacrer une nouvelle ère. La participation du Président Bouteflika au sommet de Nice est une occasion pour l'Elysée de dérouler le tapis rouge. Sa présence à ce sommet est un signe du dégel des relations entre les deux pays. Même si le sommet aborde surtout les questions de sécurité et de développement en Afrique, les deux hommes n'auront probablement pas l'occasion de se pencher sur les dossiers bilatéraux.