Le fait majeur aura été l'augmentation des salaires de plus d'un demi-million de travailleurs. Bien qu'officielle, cette décision ne prendra effet qu'à partir d'octobre. Fonc-tionnaires, magistrats et cadres supérieurs en seront les principaux bénéficiaires. Par ce geste, les pouvoirs publics jouent la carte de l'apaisement et mettent en place les jalons d'une société cohérente dont la classe moyenne, véritable vivier des forces dynamiques du pays, en sera la colonne vertébrale. Cette même classe moyenne, qui a connu plus de dix ans de galère, semble, enfin, sur la voie de retrouver ses lettres de noblesse. L'incidence financière de ces mesures exceptionnelles, comme annoncé dans nos précédentes éditions, coûtera aux caisses de l'Etat, près de 30 milliards de DA/an. Une somme qui peut, d'ores et déjà, constituer la charpente d'un nouveau contrat social, sans cesse réclamé par les élites, les couches moyennes qui ont intégré la démocratisation du pays par les syndicats, le Parlement ou les institutions de l'Etat. Ce qui va dans le sens de l'apaisement social comme l'a indiqué le ministre du Travail et de la Protection sociale, M.Tayeb Louh: «Au regard de l'actuelle embellie financière, qui a toutes les chances de s'inscrire dans la durée, il était devenu nécessaire de redonner corps à la fameuse couche moyenne qui faisait, jadis, la fierté de l'Algérie et qui constitue la colonne vertébrale de la société et qui est un garant d'une bonne stabilité sociale.» M.Tayeb Louh, pour qui le syndicalisme n'est pas un vain mot, a, par ailleurs, invité les syndicats autonomes à faire preuve de tolérance eu égard aux lois de la République qui ne peuvent, pour le moment, impliquer tous les partenaires sociaux aux rituels de représentation dont la dernière bipartite qui a eu pour invité exclusif l'Ugta dont le secrétaire général M.Sidi Saïd a, durant tout l'été, fait montre d'une réelle intention de défendre l'entreprise algérienne face au démantèlement tarifaire qui se profile à l'horizon. Autre scoop de cette rentrée : la réforme de l'assurance santé, puisque la bipartite a inscrit cette question en tête de son programme de travail et pour laquelle il a été convenu la création d'un groupe de travail conjoint devant se pencher et adapter le système de sécurité social aux nouveaux contextes socio-économiques, dont les mutuelles. Autre bonne nouvelle: le logement, pour lequel l'on songe à de nouvelles combinaisons financières à même de renforcer son financement au profit des travailleurs. Reste le statut général de la Fonction publique, ce dénominateur commun à toutes les grognes qu'ont connues beaucoup de secteurs ces derniers temps. C'est là un dossier confié à une commission que préside le directeur général de la Fonction publique et qui a pour rôle d'approfondir la réflexion sur ce dossier à la lumière des travaux de la Commission de la réforme des structures de l'Etat et ses missions afin de proposer un projet du nouveau statut de la Fonction publique devant le Parlement et ce, dans les plus brefs délais. A l'orée de cette rentrée sociale donc, l'optimisme est permis: la relance économique, dans sa dynamique, donne ainsi un coup de pouce aux salaires de milliers de fonctionnaires, de magistrats et de quelque 6000 cadres supérieurs de l'Etat. Et le programme ambitieux du gouvernement ne vise pas moins qu'à une véritable redistribution des revenus sous forme de salaire à des milliers de travailleurs.