Mise en scène par Khaled Belhadj, Lalla a été de nouveau présentée au TNA à la faveur du Festival national du théâtre professionnel. L'opprimé a souvent cet étrange fantasme de devenir oppresseur, le dominé celui de devenir dominateur et la servante de prendre la place de sa maîtresse. C'est l'histoire autour de laquelle tourne Lalla, une pièce produite par le Théâtre régional de Mascara et jouée, lundi soir, sur les planches du Théâtre national algérien, Mahieddine-Bachtarzi à Alger, l'hôte du Festival national du théâtre professionnel. Adaptée du texte de Jean Genet, Les Bonnes, écrit en 1947, Lalla est une représentation portant sur cette espèce d'identification qu'a chaque individu par rapport à son bourreau. Celle-ci et dans un certain sens est une manière de se venger de lui. La pièce du TR de Mascara, en compétition officielle dans le festival, nous fait rappeler également l'histoire des soeurs Papin (Christine et Léa), auteures d'un double meurtre sur leurs patronnes en 1933, qui a inspiré de nombreux dramaturges et cinéastes, dont Jean Genet. Les rideaux se lèvent. Sur scène, Saâdia et Mebarka, (interprétées par Meriem Allag et Iman Zimani), deux bonnes, sont en train de s'amuser en essayant les robes de leur maîtresse, Lalla (madame). C'est dans un décor dépouillé, en noir et en blanc, qu'on voit les deux soeurs en train de jouer, l'espace de quelques minutes, voire quelques heures le rôle de Lalla. Mais cet «évasion» dans une sorte de monde imaginaire ne durera pas très longtemps. Lalla jouée par Warda Saïm fait son apparition sur scène. Anxieuse, stressée, inquiète et triste. C'est que Monsieur, son amant a été emprisonné. La cause en est une lettre anonyme l'accusant d'avoir volé de l'argent. On découvre par la suite que c'est l'oeuvre de l'une des deux soeurs. Son but était de se venger. Angoissées à l'idée d'être démasquées, mais surtout agacées par le comportement de leur maîtresse, une bourgeoise hautaine et orgueilleuse, Saâdia et Mebarka, vont tenter de trouver une solution. L'idée qui leur a effleuré l'esprit quelques heures auparavant va devenir une nécessité. Eprises de haine et de jalousie, ces deux femmes décident d'assassiner Lalla...et de se débarrasser donc de leur oppresseur. Saâdia suggère qu'on lui mette du poison dans la tisane. C'est elle, d'ailleurs, qui va préparer soigneusement l'infusion. Mais sachant, accidentellement, que Monsieur a été libéré et qu'il a demandé à la voir, Lalla décide de tout reporter et de courir le rejoindre. Elle envoie Mebarka pour lui trouver un taxi. Les incessantes sollicitations de Saâdia pour qu'elle boive la tisane empoisonnée seront vaines. Leur maîtresse part à la rencontre de son amant, les laissant ainsi en proie à l'inquiétude et à la peur. Lalla a déjà été présentée au Théâtre national à Alger et ce dans le cadre de la carte blanche au Théâtre régional de Mascara. Abstraction faite du décor qui n'a presque pas été utilisé, le spectateur avait parfois et même souvent des difficultés à comprendre certains dialogues. Ayant une mauvaise diction, les trois comédiennes arrivaient à peine à se faire entendre. La scénographie a été conçue par Hamza Djaballah alors que la musique magistrale dans la pièce est l'oeuvre du compositeur russe Piotr Ilitch Tchaïkovski et de l'Allemand, Richard Wagner.