Pour un lycéen ou une lycéenne, se réveiller le matin pour aller passer le baccalauréat est en soi angoissant. Que dire alors d'un jeune homme qui tient à passer cet examen quelques heures après avoir subi une intervention chirurgicale? Opéré en urgence sous la menace d'une péritonite, la veille de cet examen décisif, le jeune Abdelhadi Boulifa a tenu à rejoindre les bancs du centre d'examen, moyennant pleurs et supplications. Porté par des agents de la Protection civile, à la deuxième sonnerie du centre d'examen Kateb-Yacine, le voilà qui attend ses camarades candidats avec un sourire timide, tout à son examen d'arabe, «malgré une douleur lancinante», confie-t-il à l'APS au sortir de cette première épreuve. Abdelhadi, tiraillé par la menace d'interrompre prématurément son examen en cas de malaise, affiche une détermination inébranlable: «J'ai préparé mon BAC pour le passer et le réussir si Dieu le veut, on ne m'en empêchera pas!» proclame-t-il, le front haut. Alors que pour maintenir le moral d'un candidat au beau fixe, avant un examen, les dernières heures sont cruciales, pour Abdelhadi, un problème d'aérophagie, une forte dose de stress, ou tout simplement le hasard, ont fait que ces heures, que d'autres destinent à la concentration et à la relaxation, lui, «les a passées à courir les examens médicaux, pour finir allongé sur une table d'opération», soupire son père Khaled. Coup de chance, le chirurgien (Pr Hazmoun) qui l'a opéré d'une appendicite aiguë de dernière minute a eu la bonne idée de lui faire subir une anesthésie rachidienne locale, afin de «lui épargner les effets secondaires de l'anesthésie et de ne pas l'incommoder durant son examen». Allongé sur le lit de l'infirmerie du centre d'examen, Abdelhadi se soucie plutôt de la suite de l'épreuve. Personne n'était encore sûr, dans la matinée, que Abdelhadi aurait la force d'aller au bout de son incroyable défi. Il aura en tout cas essayé et démontré qu'avec une telle pugnacité, le bachot lui est promis. Aujourd'hui ou demain. Comme l'avait écrit l'anthropologue, psychologue et sociologue français Gustave Le Bon. «Les volontés faibles se traduisent par des discours, les volontés fortes par des actes».