Opéré en urgence sous la menace d'une péritonite, la veille de cet examen décisif, le jeune Abdelhadi Boulifa a tenu à rejoindre les bancs du centre d'examen, moyennant pleurs et supplications. Porté par des agents de la protection civile, à la deuxième sonnerie du centre d'examen Kateb-Yacine, le voilà qui attend ses camarades candidats avec un sourire timide, tout à son examen d'arabe, "malgré une douleur lancinante", confie-t-il à l'APS au sortir de cette première épreuve. Redressant ses lunettes à chaque geste, Abdelhadi, tiraillé par la menace d'interrompre prématurément son examen en cas de malaise, affiche une détermination inébranlable : "J'ai préparé mon Bac pour le passer et le réussir si Dieu le Veut, on ne m'en empêchera pas !", proclame-t-il. Abdelhadi a passé les heures d'avant le Bac, que d'autres destinent à la concentration et à la relaxation, lui, " à courir les examens médicaux, pour finir allongé sur une table d'opération", soupire son père Khaled, plus apeuré, plus stressé que ne l'est son rejeton. Coup de chance, le chirurgien qui l'a opéré d'une appendicite aiguë de dernière minute a eu la bonne idée de lui faire subir une anesthésie rachidienne locale, afin, dit cette praticienne, de "lui épargner les effets secondaires de l'anesthésie et de ne pas l'incommoder durant son examen". Allongé sur le lit de l'infirmerie du centre d'examen, El Hadi, comme aiment à l'appeler ses proches et amis, se soucie plutôt de la suite de l'épreuve. "I'm fine", soutient-t-il stoïquement peu avant l'épreuve d'anglais, à l'intention du médecin de service qui se préoccupe surtout d'une hypoglycémie détectée déjà la matinée, mais ce serait compter sans la foi, l'obstination et le courage de ce vaillant candidat. Personne n'était encore sûr, dans la matinée, que Abdelhadi aurait la force d'aller au bout de son incroyable défi. Il aura en tout cas essayé et démontré qu'avec une telle pugnacité, le "bachot" lui est promis.