Le tourisme algérien est une victime collatérale de la rente pétrolière. Malgré ses riches potentialités, le tourisme reste à la traîne du développement local. Tel est le constat fait par les participants à la conférence-débat sur «le rôle du tourisme dans le développement local» organisée par l'association des journalistes correspondants de la wilaya de Béjaïa, samedi, à l'occasion de l'ouverture officielle de la saison estivale dans cette même wilaya. Animée par l'ancien ministre du Tourisme, Nordine Bounouar, et Bourouina Mokhtar, maire de Sidi M'hamed, la conférence a vu la participation d'anciens ministres du Tourisme, des autorités locales, des élus, de quelques opérateurs dans le tourisme et autres associations dans le domaine et de la société civile. Les débats étaient fructueux sur plusieurs plans, ont relevé les participants. Le tourisme est d'abord une question de caractère et de mentalité. «L'Algérien est-il prêt et préparé pour inscrire le tourisme dans la trajectoire de la perspective du développement local?», interroge Nordine Bounouar, ex-ministre du Tourisme, avant de conclure sur la problématique «Quel type de tourisme voulons-nous?». De la mentalité aux blocages bureaucratiques, les débats ont fait ressortir l'énorme retard qu'accuse la wilaya de Béjaïa dans le secteur du tourisme qui reste l'apanage des spéculateurs et autres mercantilistes avides de gains facile en lieu et place de la promotion du secteur dans ses volets culturel, historique,etc. «Nous, nous pouvons imaginer le développement de l'activité touristique sans une école de tourisme à Béjaïa. La réhabilitation des sites historiques et culturels, patrimoine matériel et immatériel passe désormais par l'éveil de la conscience individuelle et collective d'une part, et de la volonté politique avec un pouvoir décisionnel local d'autre part», a soutenu le député indépendant Belkacem Meziane. Un avis partagé par le député Djamel Ferdjallah qui a mis en exergue la relation étroite entre le civisme et le tourisme. «C'est tout d'abord et avant tout une question de civisme. Le tourisme est la traduction sur le terrain du projet de société que nous avons ou plutôt voulons construire» relève-t-il avant de conclure, «on ne peut pas promouvoir le tourisme avec la désignation d'un ministre islamiste à la tête du secteur.» Les débats se veulent un cri d'alarme quant au sort réservé à beaucoup de sites touristiques et historiques, à l'instar de l'hôtel des Cimes, le grand hôtel lancé par l'Onat aux Oliviers dont le chantier est à l'arrêt, le château de la Comtesse dans la région de Baccaro, etc. Avec seulement 130 millions de dollars de rente annuelle, le secteur du tourisme mérite une meilleure attention pour rattraper le retard accusé par rapport à nos voisins dont les recettes sont de l'ordre de 9 et 6 milliards de dollars, respectivement en Tunisie et au Maroc.