Peut-on sacrifier la prière du vendredi, faute d'imams? La question mérite d'être posée. Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Bouabdallah Ghlamallah, a déclaré jeudi dernier depuis Tissemssilt, qu'il ne voit aucune objection à ce que les imams de mosquées exercent une activité syndicale. Le secteur en question étant le gardien du temple moral de la société algérienne, n'a jamais connu, à travers l'histoire un quelconque mouvement. Présidant une rencontre des imams des mosquées de la wilaya, le ministre s'est montré favorable à la création d'un syndicat des imams, «à condition qu'il respecte les règles et les lois syndicales», a-t-il mentionné. Il est ainsi convenu avec le secrétaire général de l'Union générale des travailleurs algériens, Abdelmadjid Sidi Saïd, de consacrer le droit syndical au sein du secteur des affaires religieuses, a encore ajouté M.Ghlamallah. Dans ce sillage, le ministre a indiqué que «le département des Affaires religieuses et des wakfs a donné ses instructions aux directions de wilaya à travers le pays pour prendre en charge les problèmes socioprofessionnels des imams». La question qui se pose est qu'en sera-t-il si les imams décidaient de faire une grève? Peut-on sacrifier la prière de vendredi faute d'imams? Ou bien permettre à n'importe qui de prêcher pour des milliers de pratiquants? Surtout à l'approche du mois de Ramadhan où la pratique religieuse est intensifiée. Le ministre revient, toutefois, pour limiter le champ d'action des imams. Il suggère que «le rôle du syndicat est d'être l'interlocuteur de l'administration pour la promotion des droits des imams comme le droit au logement, à la promotion et aux mutations, entre autres». C'est dire que, d'ores et déjà, des lignes rouges à ne pas franchir, sont tracées par M.Ghlamallah. Il semble plutôt, se préparer à d'éventuels remous lorsqu'on sait que les salaires que perçoivent les imams sont dérisoires, ajouter à cela le problème de logement, ainsi que les contractuels qui souffrent avec des primes qui sont inférieures au Snmg (Salaire national minimum garanti). Si jusque-là, le citoyen algérien est désormais habitué à des mouvements de protestation ou grèves dans des secteurs tels l'éducation, la santé et le transport, il n'en est pas de même pour un secteur aussi sensible que celui des affaires religieuses. Le ministre a également appelé les imams à avoir le sens de la responsabilité, être un exemple de rectitude et à veiller à ce que la mosquée soit au service des citoyens. Pour rappel, le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs s'est enquis, mercredi, de l'état d'avancement des travaux de réalisation de plusieurs mosquées à travers quelques communes de la région et a inspecté le projet de construction d'un centre culturel islamique à Tissemsilt. Il a aussi annoncé que les diplômés des zaouïas du pays pourront accéder aux instituts de formation des imams à partir de septembre prochain.