Le ministre des Affaires religieuses réfute la thèse de la falsification d'exemplaires du Coran. «Nous avons 25.000 employés dans l'espace religieux. Tous ces gens-là n'ont pas le droit d'être partisans dans des partis politiques. Les religieux -les gens qui fréquentent les mosquées- ont ce droit», a déclaré Bouabdellah Ghlamallah, ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, lors de la cérémonie d'ouverture des journées d'étude consacrées à la sensibilisation des nouveaux imams et mourchidates, hier à Dar El-Imam. Cette promotion concerne 100 imams, 55 mourchidates et 5 enseignants qui vont rejoindre leurs postes auprès des autres et prendre en charge la gestion des mosquées dans différentes wilayas. Selon Abdellah Tamine, chef de la cellule de communication du ministère, l'Algérie compte 8 instituts de formation des imams avec des capacités d'accueil de 1300 talebs, 500 écoles coraniques qui initient un demi-million d'élèves et 15.000 mosquées qui reçoivent 14 millions de personnes chaque vendredi. Parmi les nouveaux imams, il y aurait quelque 10% qui ont suivi des formations de recyclage, alors que les 90% restants ont tous suivi une formation universitaire, précise-t-on. Le ministre indique, en outre, que le recrutement des imams est continu. Mais les nouvelles recrues doivent suivre des cours de recyclage par le biais de séminaires de plus de deux mois, chaque année, ajoute-t-il. Interrogé, en marge de la rencontre, sur l'existence d'exemplaires du Coran falsifiés, le ministre a réfuté cette information parce que, explique-t-il, les livres importés passent obligatoirement par une commission de lecture du ministère avant leur distribution sur le marché. Il est catégorique là-dessus: «Aucun exemplaire falsifié n'existe sur le marché.» Ghlamallah annonce, en outre, la création d'un office du hadj qui prendra en charge toute l'opération logistique du pèlerinage. L'aspect relatif à l'orientation relève des compétences du ministère de tutelle. Comme il indique que la saison du hadj de cette année se présente bien et que 10.000 visas ont été délivrés pour les hadjis. Le ministre a beaucoup insisté, lors de son intervention, sur le rôle des mourchidates pour encadrer les femmes dans la formation religieuse. C'est dire que l'Etat algérien se montre très vigilant en matière de gestion et de contrôle des mosquées. L'expérience des années 90 a dévoilé les risques majeurs que peut engendrer la politique lorsqu'elle entre dans les mosquées. Mais, en même temps, la mosquée ne peut être à la merci d'imams sans aucune instruction. Car, il faut le rappeler, le recrutement se fait sur la base d'enquêtes policières, aux dépens des compétences professionnelles. Le cycle universitaire ne figure pas encore parmi les critères rigoureux de sélection des imams lors des recrutements. La plupart ont fait école dans les écoles coraniques et se sont formés sur le tas. Les imams qui ont un cursus universitaire sont suspects. Ils ne peuvent, en conséquence, continuer de conduire la prière du vendredi. Certains parmi les plus aptes ont été remerciés pour céder la place à d'autres moins instruits. Le cas de la grande mosquée de Bab Ezzouar le démontre parfaitement. L'ancien imam, qui a suivi une formation universitaire en sciences exactes et une autre en sciences religieuses, a fait preuve de pédagogie jusqu'à se voir sélectionné pour une émission télévisée très écoutée. Il s'est retrouvé sur le banc de touche. Il est remplacé par un autre, disposant de peu d'argumentation dans le propos. On devine facilement les raisons de ces choix.