Le parti du président Omar El-Béchir et les ex-rebelles sudistes sont condamnés à travailler ensemble dans le nouveau gouvernement formé lundi, afin de garantir la tenue en janvier d'un référendum crédible sur la sécession du Sud-Soudan. Le président Béchir a annoncé tard lundi soir par décret la composition de son nouveau gouvernement, deux mois après les élections d'avril qui l'ont reconduit, lui et son parti, au pouvoir. Le nouveau gouvernement formé de 35 ministres -24 du NCP de Béchir, huit des ex-rebelles sudistes du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM) et trois de petits partis-, naviguera en eaux troubles à l'approche du référendum crucial sur la sécession du Sud. La composition du nouveau cabinet constitue une forme de changement dans la continuité. «Il n'y a pas eu beaucoup de changement, on en saura plus lorsque le conseil des ministres se réunira pour la première fois», estime Mahjoub Mohammed Saleh, éditeur en chef du quotidien indépendant Al-Ayyam. «Ils vont devoir établir un programme commun, définir les priorités (...) travailler en harmonie et de manière efficace», ajoute Fouad Hikmat, spécialiste du Soudan à International Crisis Group (ICG). «Le cabinet devra travailler ensemble sinon cela va créer des problèmes et retarder le processus» référendaire. Le NCP du président Béchir et le SPLM avaient formé en 2005 un gouvernement d'union nationale à l'issue de la guerre civile Nord-Sud à l'origine de deux millions de morts en 21 ans. Cet accord de paix (CPA) prévoit la tenue d'un référendum sur la sécession du Sud-Soudan, vaste région sous-développée enclavée au coeur de l'Afrique et sise sur d'importantes ressources naturelles, notamment pétrolière. Ce référendum est prévu dans un peu plus de six mois et tout reste à faire du point de vue de son organisation, la commission référendaire n'ayant pas encore été approuvée par les députés. Le parti présidentiel et les ex-rebelles sudistes doivent discuter des conditions de l'unité (partage du pouvoir, respect des droits et libertés, etc...) et de la séparation (partage des ressources pétrolières et de la dette, citoyenneté des sudistes vivant au Nord-Soudan). Le Conseil de sécurité de l'ONU a souligné lundi soir l'importance d'une mise en oeuvre complète des clauses du CPA, notamment s'agissant des préparatifs et de la tenue du référendum (...), ainsi que de progrès dans les questions concernant l'après-référendum», selon l'ambassadeur du Mexique à l'ONU, Claude Heller, qui préside le Conseil en juin. Selon plusieurs analystes, l'option sécessionniste devrait remporter haut la main la victoire. Mais un report du référendum pourrait enflammer les esprits au Sud-Soudan où une partie de la population attend avec impatience «le grand jour». Même si les ex-rebelles sudistes et le NCP ont des vues différentes sur le futur du plus grand pays d'Afrique, menacé d'implosion, les deux partis sont tenus de rendre l'unité «attrayante» d'ici à la tenue du référendum. Il s'agit d'une position difficile à tenir pour les sudistes alors que la société civile au Sud-Soudan commence à organiser des rassemblements pro-indépendance. Le nouveau gouvernement doit rester en place pendant les six mois suivant la tenue du référendum et ce même en cas de victoire de l'option sécessionniste, selon les termes de l'accord de paix.