Sur les 39 postes ministériels qui composent le gouvernement, 16 sont occupés par des technocrates. Changement éphémère de vision? Ou l'amorce d'une nouvelle stratégie dans la gestion des affaires de l'Etat? La casquette politique n'est plus un gage, encore moins un quitus pour mettre les deux pieds au gouvernement. Pis, elle pourrait même constituer un sérieux frein aux ambitions légitimes ou pas, des uns et des autres. Un gouvernement technocrate; cette formule est souvent reproduite par la presse pour désigner le prochain gouvernement à la veille de chaque remaniement annoncé dans les coulisses politiques. Un principe adopté doucement mais sûrement par le président de la République, qui est constitutionnellement, le seul à pouvoir arrêter la liste définitive du gouvernement. Excepté le poste du chef de l'Exécutif qui balance entre deux formations, le FLN et le RND, les postes clés au sein du gouvernement sont occupés par des «hommes apolitiques». La liste s'élargit au fur et à mesure. Sur les 39 postes ministériels qui composent le gouvernement, 16 sont occupés par des technocrates qui ont fait leurs preuves non pas dans les laboratoires politiques mais dans les lieux professionnels dans lesquels ils ont évolué pendant une longue période. On commencera par la tête du gouvernement. M.Noureddine Yazid Zerhouni, assiste désormais le Premier ministre dans ses missions. Le choix d'un homme sans casquette politique à ce poste sensible a mis fin, dans un premier temps, à cette dualité surprenante entre les deux formations politiques FLN, RND pour le poste de Premier ministre au nom de la majorité ou de celui de la loyauté. Ce qui a pesé en faveur de Zerhouni, c'est certainement son background, une présence longue dans les rouages du pouvoir, mais aussi et surtout une confiance du Président. A côté de Zerhouni, l'on retrouvera d'autres noms souvent inconnus, du moins du grand public avant leur nomination au gouvernement. Karim Djoudi, ministre des Finances, M.Mohamed Benmeradi, ministre de l'Industrie, de la Petite et moyenne entreprise et de la Promotion de l'investissement, Nacer Mehal, ministre de la Communication, Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, Rachid Benaïssa, ministre de l'Agriculture et du Développement rural, M.Moussa Benhamadi, ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication. Cette longue liste témoigne d'une volonté de passer à un autre cap. L'enjeu est de taille. L'Algérie est riche: 286 milliards de dollars injectés dans le plan de développement 2010-2014. Une cagnotte à mettre à l'abri des surenchères des politiques. Souvent les tiraillements entre les partis politiques, notamment ceux de l'Alliance stratégique ont empoisonné le climat au sein du gouvernement. L'on se souviendra bien évidemment, du fameux épisode qui a marqué l'été 2007 avec la démission de Ouyahia suite à des pressions exercées contre lui par les députés du FLN qui l'ont empêché de présenter son bilan, le menaçant de jouer la carte de la motion de censure. Trois ans après, on ne semble plus être dans ce schéma. Conjoncture internationale oblige. L'Algérie qui s'ouvre sur le monde et qui ouvre ses marchés aux multinationales n'a plus le droit de rester à la traîne. Les défis auxquels devra faire face l'Algérie ne pardonnent ni complaisance ni échec. Au niveau de la classe politique, notamment les partis de l'Alliance stratégique, ces derniers misent désormais sur la compétence et sur les jeunes. Le RND est parmi les premiers partis ayant saisi le message. Cette semaine, il a procédé à la création d'une «commission nationale pour la jeunesse». Le FLN tente, tant bien que mal, de briser un tabou en accordant plus de sièges aux jeunes dans les différentes commissions du parti. Le MSP, à travers son organisation estudiantine, active au niveau des universités pour repérer les compétences. Une nouvelle vision qui portera à coup sûr ses fruits dans les prochaines années. L'on commence déjà à sentir les prémices de ces changements dans plusieurs secteurs tels que les finances et l'agriculture.