Les chefs d'Etat et de gouvernement auront un agenda serré pour aborder les nombreux sujets qui font planer l'incertitude sur l'économie mondiale. Le Canada accueille du 25 au 27 juin des sommets des pays industrialisés du G8 et des pays riches et émergents du G20, destinés à renforcer la coopération internationale à l'heure où de plus en plus d'incertitudes pèsent sur la reprise de l'économie mondiale. La planète a renoué avec la croissance. Mais les raisons de douter de sa viabilité ne manquent pas, entre un chômage élevé dans les pays développés, les angoisses causées par la montée inexorable de leur dette publique, les déséquilibres croissants entre des économies qui affichent une santé éclatante et d'autres qui stagnent, et un système financier mondial qui reste à réformer. Les chefs d'Etat et de gouvernement auront un agenda serré pour aborder tous ces sujets. Il commence par un G8 le 25 et le 26 à Huntsville (Ontario, Sud-Est), une petite ville au milieu des lacs et des bois à 200 km de Toronto. Le G8 rassemble quatre pays européens (Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie), le Canada, les Etats-Unis, le Japon et la Russie. Il se poursuivra le 26 et le 27 par un G20 dans la plus grande métropole du pays, Toronto. Le G20 comprend les pays du G8 plus l'Afrique du Sud, l'Arabie Saoudite, l'Argentine, l'Australie, le Brésil, la Chine, la Corée du Sud, l'Inde, l'Indonésie, le Mexique, la Turquie et l'Union européenne. Depuis son précédent sommet en septembre à Pittsburg (Etats-Unis), le G20 s'est intronisé comme le premier forum de coopération économique mondiale, reléguant le G7 et le G8 à un rang subalterne. L'essentiel devrait donc se jouer à Toronto, où il sera délicat de trouver des compromis sur des questions polémiques comme la taxe sur les banques. Dans ce domaine, il n'y a aucun consensus en vue, au grand dam des Européens qui souhaitent mettre en oeuvre cette taxe. Les choses s'annoncent en revanche plus faciles en ce qui concerne la monnaie chinoise, objet d'un bras de fer entre Pékin et Washington. Soumise à d'intenses pressions américaines, la Chine a annoncé samedi sa décision de favoriser une plus grande souplesse dans la fluctuation du yuan et de poursuivre la réforme du mécanisme de taux change de sa devise, une initiative aussitôt saluée par les Etats-Unis et le FMI. Le sujet sur lequel le G20 peut s'employer le mieux à rassurer les opinions et les marchés financiers est la lutte contre les déficits et la dette. D'après un diplomate occidental, le Canada souhaite mettre l'accent sur la consolidation des budgets, et écarter cette menace pour la croissance mondiale. Le communiqué de Toronto devrait contenir un engagement à assainir les finances publiques d'une façon qui ne nuise pas à la croissance, le nouveau mot d'ordre du Fonds monétaire international. La régulation du système financier est peut-être encore le sujet le plus consensuel. Tous les membres du G20 ont soit déjà un contrôle étroit sur leurs banques, soit des projets pour le renforcer. Mais les discussions, techniques, autour de nouvelles normes de fonds propres internationales (accords de Bâle III) traînent en longueur. Le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, a regretté la «perte d'élan» face à cette «énorme» tâche. Le G8, revenu à une certaine forme de discrétion, doit selon un diplomate occidental être «axé sur le développement et les questions de paix et de sécurité». Il a indiqué que le Canada préparait une «initiative de Muskoka» (du nom de la région de Huntsville) pour réaffirmer l'engagement des pays du groupe en faveur de l'aide au développement.