Quelque 150 délégations du mouvement associatif sont attendues à Tizi Ouzou pour fleurir la tombe de Matoub Lounès, en commémoration du 12e anniversaire de l'assassinat du chantre de la chanson amazighe, le 25 juin 1998, a-t-on appris de la Fondation qui porte le nom de l'artiste. «Ces délégations représentant l'ensemble du pays à travers lequel Lounès compte toujours de nombreux fans, se recueilleront, demain, sur la tombe du défunt au village de Taourirth Moussa, dans la daïra de Béni Douala, avant d'observer une halte à Tala Bounane, lieu de son assassinat situé sur la route reliant Oued Aïssi à son village», a indiqué, mardi, M.Juba Laksi, SG de la Fondation Matoub, en marge de l'inauguration, à la Maison de la culture, D'une exposition dédiée à la mémoire de l'artiste. «Lounès symbolise toujours l'espoir aux yeux des jeunes qui continuent toujours à l'aduler, 12 ans après sa mort», a-t-il relevé à l'adresse de nombreux jeunes, présent à cette commémoration, en citant pour preuve un message prémonitoire contenu dans l'une des chansons de l'artiste: «mais la paix renaîtra un jour et mes chants parmi vous célébreront à nouveau le printemps, si cher à nos coeurs». «Renouveau thématique dans l'oeuvre artistique matoubienne» et «Métaphores et choix thématique dans les chansons de Matoub» ont été deux communications présentées, respectivement, par Saïd Chemakh et Imarazen Marzouk, enseignants au département de langue et culture amazighes de l'université de Tizi Ouzou. A travers leur analyse du corpus lexical des textes de chansons de cet auteur et compositeur, les deux communicants ont relevé «l'introduction de nouveaux thèmes, tel que la déshérence, et des métaphores très riches pour appuyer ses messages, articulés sur la lutte des contraires, entre l'amour et la haine, les larmes et la joie, la guerre et la paix, le bonheur et le malheur, en convoquant l'histoire et en trouvant toujours les mots justes pour décrire des situations précises mises en mouvement par une voix aux intonations prégnantes qu'il emprunte à la musique populaire». En reconnaissance du talent du ciseleur du verbe que fut l'aède, le programme prévoit également, l'organisation d'un concours de poésie, dont les lauréats seront primés, mercredi prochain, à la salle des spectacles de la Maison de la culture, qui sera également le cadre de l'organisation d'une cérémonie en hommage à trois artistes que sont Chérif Hamani, Zedek Mouloud et Yasmina. Ces activités seront prolongées par d'autres actions initiées par le mouvement associatif, à travers les différentes localités de la wilaya. Matoub Lounès est né le 24 janvier 1956 à Taourith Moussa Ouamar, dans la daïra de Béni Douala, à une vingtaine de km au sud de Tizi Ouzou. C'est à l'âge de 9 ans qu'il fabriqua sa première «guitare» avec un bidon d'huile, avant que son père ne lui offre une mandole en 1972, en rentrant de France où il a émigré pendant de longues années, comme la plupart des pères de famille de l'époque. Son éducation fut, pour l'essentiel, assurée par sa mère qui a supplanté l'absence du père. C'est à ses berceuses et à ses contes qu'il doit également sa vocation artistique. Il fut assassiné par un groupe armé le 25 juin 1998, au lieudit Tala Bounane sur la route reliant Oued Aïssi à son village.