Lors d'une entrevue à Rome jeudi, le chef de la diplomatie israélien a évoqué, de manière préliminaire auprès de M.Frattini, l'hypothèse d'une visite à Ghaza avec d'autres ministres européens. Le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini, a été invité à conduire à Ghaza une délégation de chefs de la diplomatie européens par son homologue israélien Avigdor Lieberman, signe d'un changement dans le blocus diplomatique du territoire palestinien. Cette proposition intervient une semaine après qu'Israël, sous pression internationale à la suite de son raid meurtrier contre une flottille d'aide pour Ghaza, s'est engagé à faciliter l'entrée des biens à usage strictement civil dans le territoire, sous blocus depuis l'enlèvement d'un soldat israélien il y a quatre ans. Lors d'une entrevue à Rome jeudi, «Lieberman a évoqué de manière préliminaire auprès du ministre Frattini l'hypothèse d'une visite à Ghaza avec d'autres ministres européens», a indiqué le ministère italien des Affaires étrangères. M.Frattini «a pris bonne note de la proposition israélienne et s'est réservé de donner une réponse une fois qu'il aura consulté les partenaires européens et internationaux», a ajouté le ministère. A Berlin, un porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères a confirmé que M.Frattini avait informé son homologue allemand Guido Westerwelle de l'invitation. Sans se prononcer lui non plus sur l'éventuelle participation du ministre à un tel voyage, le porte-parole a souligné qu'il s'agissait d'un pas vers un changement de la politique israélienne envers Ghaza, où Israël ne permet qu'exceptionnellement à des hauts responsables étrangers d'accéder, depuis que le Hamas a pris le contrôle du territoire en juin 2007. Le 20 juin, il a ainsi interdit le passage au ministre allemand du Développement, Dirk Niebel, qui souhaitait rencontrer des représentants de l'Onu, suscitant des critiques de Berlin. Le ministère des Affaires étrangères avait affirmé qu'autoriser des visites ministérielles légitimerait le contrôle du Hamas sur la bande de Ghaza. Les responsables européens qui se sont rendus ces dernières années dans le territoire ont évité tout contact avec les autorités du Hamas, considéré par l'Union européenne (UE) et Israël comme une organisation «terroriste». Israël a néanmoins autorisé en mars les visites à Ghaza du secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon et de la haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères, Catherine Ashton. Interrogés sur l'invitation de M.Lieberman, les porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères et du Premier ministre n'étaient pas en mesure d'en préciser la teneur. Un député israélien d'opposition a critiqué cette initiative, accusant le gouvernement «de payer un prix élevé pour ne rien recevoir en échange». «Le Hamas est en fait en train d'obtenir tout ce qu'il réclame, l'ouverture des points de passage, la levée du blocus diplomatique», a déclaré à la radio publique Yohanan Plesner, député du parti Kadima (centre). Selon les médias israéliens, M.Lieberman a invité M.Frattini à conduire une délégation de ses homologues, notamment français, britannique, allemand et norvégien pour qu'ils puissent constater d'eux-mêmes la situation alimentaire à Ghaza, sous blocus israélien. Après une décision de principe sur l'allègement du blocus des marchandises le 17 juin, Israël a annoncé le 20 juin qu'il laisserait désormais passer à Ghaza les «biens à usage civil», à l'exclusion de tout matériel susceptible d'être utilisé à des fins militaires, dont le gravier, le ciment ou les tuyaux.